Agriculture: la Coordination rurale fait valoir ses propositions, avant de se mobiliser

La Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole, a appelé lundi à un "plan de développement pluriannuel" de l'agriculture et à "une exception agricole" dans l'accord de libre-échange UE-Mercosur, tout en laissant entrevoir à son tour une mobilisation "avant la fin de l'année".

Alors que le puissant syndicat FNSEA appelle à la mobilisation vendredi à travers des initiatives décentralisées, la CR, qui avait tenté en vain en janvier de faire entrer une cohorte de tracteurs dans Paris, n'a pas dans l'immédiat lancé de mot d'ordre.

"On s'inscrit d'abord dans le dialogue, pour mettre en avant et faire valider toutes nos propositions, qui s'inscrivent dans une souveraineté alimentaire", a dit à la presse la présidente de la CR Véronique Le Floc'h.

"On n'est pas un syndicat caporalisé. On ne dit pas: +Allez manifester ce jour-là+, les départements peuvent prendre l'initiative. Mais il y aura de l'action avant la fin de l'année", a promis le secrétaire général Christian Convers.

Cherchant à se démarquer de l'alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs, la CR veut avant tout être entendue des pouvoirs publics: le syndicat demande à être reçu par le Premier ministre, Sébastien Lecornu, qui "a redit au moment de son investiture la volonté d'avoir de la production en France", a souligné M. Convers.

"L'avenir n'est pas le blocage de la France, c'est le déblocage de l'agriculture", a-t-il ajouté.

Sur le front budgétaire, la Coordination rurale réclame "un plan pluriannuel de développement de l'agriculture" avec "une régulation, des objectifs de développement par production", des contrôles des importations générant une concurrence déloyale, une "TVA sociale" pour réduire le coût du travail des salariés agricoles, une fiscalité réduite sur les compensations versées en cas d'aléas...

- "Dogmatisme des salons parisiens" -

Pour financer ces mesures, le syndicat propose la contribution des chambres d'agriculture (dont deux tiers du budget provient de fonds publics). Surtout, "on peut récupérer au niveau de la Planification écologique" consacrée aux forêts ou aux haies, ajoute la responsable, qui s'est prononcée pour la suppression de l'Office français de la biodiversité (OFB) et la ponction d'autres offices ou agences de l'Etat, de l'Office national des forêts (ONF) à l'opérateur public FranceAgriMer.

Autre revendication récurrente, la CR demande "une exception agriculturelle" pour préserver l'agriculture des impacts négatifs, notamment du projet d'accord entre l'UE et des pays du Mercosur, sur le modèle de l'"exception culturelle" pour les oeuvres audiovisuelles dans les accords de commerce.

"Le Mercosur ne va pas passer comme ça. On a été trahis (...), ça va forcément réveiller des colères", a déclaré Christian Convers.

Début septembre, la France, qui menait l'opposition au sein des 27 contre cet accord, avait salué des garanties apportées par Bruxelles sous forme de clauses de sauvegarde, tout en ajoutant avoir encore "besoin de (les) analyser".

La CR est aussi vent debout contre la politique d'abattage systématique des foyers adoptée cet été face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) des bovins.

Alors qu'un nouveau foyer, dans le Rhône, a été annoncé jeudi, la CR réclame une étude de l'évolution de la maladie et de l'immunité via des troupeaux témoins.

"On envoie tout à l'équarrissage sans faire la moindre analyse (...) Le protocole n'est pas bon puisqu'il a instauré de la méfiance chez les éleveurs", a dit M. Convers, l'éleveur haut-savoyard appelant à "se remettre tous autour de la table" pour sortir du "dogmatisme des salons parisiens".