Agriculture et forêt: un projet de budget rehaussé pour financer la transition

Le projet de budget du ministère de l'Agriculture est relevé d'un milliard d'euros pour 2024 afin d'"accélérer la transition écologique" via le financement de la recherche de solutions alternatives aux pesticides ou la plantation de nouvelles haies, a indiqué le ministre Marc Fesneau à la presse.

"C'est l'un des budgets qui connaît l'augmentation la plus grande parmi les ministères", ce qui "montre la volonté de produire des actes au-delà des mots", a relevé M. Fesneau en marge de la présentation du projet de loi de finances pour 2024.

L'exécutif prévoit que les moyens du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (moins de 1% du budget de l'État en 2023) soient relevés d'un milliard d'euros. Sept milliards d'euros pourront ainsi être déboursés en 2024, une hausse de 17% sur un an. Cela inclut les dépenses des établissements d'enseignement agricole.

L'essentiel des nouveaux crédits (800 millions d'euros) sont dédiés à la "planification écologique" (replantation de haies, développement d'une offre française de protéines végétales, décarbonation, bio...).

Marc Fesneau avait déjà annoncé que son administration bénéficierait de "près d'un milliard d'euros" supplémentaire pour accompagner les transitions le 10 septembre dernier, au rassemblement "Terres de Jim" organisé par le syndicat des Jeunes agriculteurs (JA), allié du principal syndicat agricole FNSEA.

Une enveloppe de 250 millions d'euros, étalée sur plusieurs années, doit servir à réduire l'utilisation de pesticides (herbicides, fongicides, insecticides).

"Il y a désormais les moyens de rechercher résolument des alternatives" aux produits sur la sellette en raison de leurs effets potentiels sur la santé et l'environnement et d'éviter des "impasses" pour les agriculteurs quand ils sont interdits, a estimé M. Fesneau.

La même somme est fléchée vers les propriétaires forestiers publics et privés "afin de permettre la plantation d'un milliard d'arbres à l'horizon 2030, conformément aux engagements du président de la République", selon le ministère.

Deux cents autres millions d'euros doivent aider au développement de la filière du bois de construction - levier de décarbonation du bâtiment - et rendre l'industrie française de transformation du bois "compétitive".

Les effectifs de l'Office national des forêts sont par ailleurs maintenus "pour la deuxième année consécutive, permettant d'assurer sa forte mobilisation dans la lutte contre les incendies", est-il indiqué dans le projet de loi de finances pour 2024.

Il est aussi prévu d'engager 110 millions d'euros pour que la France compte 50.000 kilomètres de haies supplémentaires d'ici 2030.

Quatre-vingt millions d'euros doivent par ailleurs permettre d'accélérer la décarbonation de l'agriculture (options alternatives au gaz fossile pour chauffer les serres, réduction des émissions issues des déjections du bétail...).

Le gouvernement a fixé pour objectif au secteur agricole d'émettre 16% de gaz à effet de serre en moins en 2030 par rapport à 2022, ce qui est "ambitieux au regard des tendances actuelles", relève le ministère.

L'agriculture française bénéficie par ailleurs de fonds européens (à hauteur de 9,4 milliards d'euros en 2024) et de dispositifs d'allègements de charges sociales et fiscales.