ADP: le candidat PDG contre une limitation du trafic

Pressenti pour devenir PDG du Groupe ADP, Philippe Pascal s'est dit mercredi opposé à une restriction du trafic aérien qui limiterait selon lui les capacités d'investissement du secteur dans la décarbonation.

L'actuel directeur financier du groupe, auditionné par les membres de la commission du Développement durable de l'Assemblée nationale, est en revanche resté prudent sur une privatisation de l'entreprise, suspendue depuis la crise sanitaire.

Le président Emmanuel Macron a proposé M. Pascal pour succéder à Augustin de Romanet à la tête du gestionnaire des aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, une nomination qui doit être entérinée par les deux chambres du Parlement.

Pour sa première audition, avant celle au Sénat prévue le 12 février, M. Pascal a été interpellé par plusieurs députés de gauche sur la réduction des émissions du secteur aérien concourant au changement climatique, soit quelque 3% du total du CO2 au niveau mondial et environ 6% en France.

Pour ces élus, dont la rapporteure Clémence Guetté (LFI), il est nécessaire de contraindre le trafic à la baisse, au-delà des leviers de décarbonation privilégiés par les compagnies et aéroports, comme les carburants d'origine non fossile et le remplacement des appareils les plus anciens.

"La restriction n'est pas nécessairement un levier qui est opportun", a affirmé M. Pascal, estimant que "le coeur du coeur, c'est l'investissement. Et plus vous allez restreindre, plus vous allez, d'une certaine manière, réduire la capacité à investir". Dans un secteur mondialisé, le trafic se reporterait sur des plateformes étrangères, selon lui.

"Si on veut décarboner plus vite, c'est possible. Mais il faut investir plus", a-t-il plaidé, tout en se plaçant dans les pas du PDG sortant qui avait lancé en 2022 un appel remarqué à une "certaine modération" dans le recours à l'avion.

"Le tout-aérien n'est pas responsable", a concédé le candidat, se disant favorable au fait de ne recourir à l'aérien "que lorsqu'il est justifié", en citant les territoires ultramarins ou ruraux enclavés.

Egalement sollicité sur la question d'une privatisation du groupe, coté en Bourse mais dont l'État contrôle 50,6% du capital, M. Pascal a répondu "il ne m'appartient pas de commenter un choix qui sera celui de l'État".

Évoquée en 2019, une privatisation d'ADP n'est plus revenue à l'ordre du jour depuis la crise sanitaire de 2020 qui avait porté un coup très dur aux finances de l'entreprise et a durablement gonflé sa dette.

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