L'absence de budget pour l'Etat français en 2025 bloque depuis le début de l'année le paiement des aides à la rénovation énergétique MaPrimeRénov' selon la ministre du Logement, ce qui inquiète et agace la Fédération française du bâtiment (FFB).
"Il est urgent de voter rapidement le budget 2025 car, tant qu'il n'est pas voté, les délais de paiement de MaPrimeRénov' aux particuliers vont être rallongés pour tous les dossiers qui n'ont pas été instruits avant le 1er janvier 2025", a déclaré Valérie Létard dans une interview au Figaro publiée vendredi.
Olivier Salleron, président de la FFB, se dit surpris d'un "tel amateurisme constitutionnel", dans un communiqué diffusé vendredi.
La cabinet du ministère du Logement, désormais rattaché au ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation, se veut rassurant et martèle qu'il ne s'agit que de "retards".
"Les ménages peuvent continuer à déposer leurs dossiers" de demande d'aide MaPrimeRénov', "il seront étudiés, mais il y aura un retard dans les délais de paiement des aides" de tous les dossiers qui n'ont pas été validés avant le 1er janvier, indique le ministère.
Les dossiers d'octroi d'aide instruits et validés avant le début de l'année seront eux payés sans délai supplémentaire.
Cette situation "va clairement provoquer de l'attentisme et conduire des ménages à abandonner les travaux qu'ils envisageaient", estime la FFB.
Pour les professionnels du bâtiment, la rénovation énergétique a représenté 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023, soit 14% du total, selon la FFB.
La Capeb, syndicat des artisans du bâtiment, souligne que l'activité des artisans est "déjà en recul" et "aujourd'hui asphyxiée par l'incapacité des élus à trouver des compromis", selon son président Jean-Christophe Repon.
La FFB s'inquiète de la possibilité pour "l'Anah de valider les nouvelles demandes d'aide" dans ce contexte et rappelle qu"'il en va de la pérennité de dizaine de milliers d'entreprises, donc de l'emploi de centaines de milliers d'artisans, d'entrepreneurs et de compagnons".
L'enjeu est de ne pas mettre un coup d'arrêt brutal aux intentions de rénovation des ménages, d'où un l'appel de la Capeb à poursuivre "l'instruction des dossiers" pour qu'ils soient "immédiatement soldés lorsque le budget 2025 sera validé".
Concernant l'obligation de rénover les logements très énergivores (classés G au diagnostic de performance énergétique) mis en locations, Valérie Létard affirme que les propriétaires ne sont pas laissés "seuls face à leurs obligations", grâce aux aides MaPrimeRénov'.
Elle "en appelle à leur responsabilité" pour se conformer aux obligations de décence énergétique et estime que "les propriétaires n'ont pas vocation à être contrôlés".
Pour les professionnels de l'immobilier, la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) continuera de contrôler leurs activités.