Abandon de NDDL: Philippe apporte des compensations et davantage de décentralisation

Un peu plus d'un an après l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, Edouard Philippe se rend vendredi à Rennes et Nantes pour signer deux contrats visant à renforcer la mobilité dans le Pays de la Loire et en Bretagne, avec la promesse d'un surcroît de décentralisation pour cette dernière.

Lors de l'annonce de l'abandon du projet le 17 janvier 2018, le Premier ministre avait promis des mesures de compensation en matière de transports, notamment un renforcement des aéroports existants de Rennes et Nantes-Atlantique.

Vendredi, après un an de négociations avec les conseils régionaux, il viendra confirmer ses promesses via des contrats qu'il signera avec la LR Christelle Morançais (Pays de la Loire) à Nantes le matin, et avec le PS Loïg Chesnais-Girard (Bretagne), à Rennes l'après-midi.

A Nantes, le Premier ministre doit notamment revenir sur la question épineuse de l'agrandissement de l'aéroport de Nantes-Atlantique. Si une concertation est en cours concernant le possible prolongement de la piste vers 2021-2022, le chef du gouvernement doit annoncer des investissements immédiats dès cette année (parkings, agrandissement de l'aérogare...), selon son entourage.

Ce "contrat d'avenir" pour les Pays de la Loire, a pour objectif de renforcer "l'accessibilité" de la région en matière de transports, mais prévoit également des engagements en matière de numérique ou de transition écologique, selon Matignon.

A Rennes, il signera le "pacte d'accessibilité" pour la Bretagne qui prévoit d'ici 2021 le transfert de terrains par l'Etat à la région pour permettre l'agrandissement de l'aéroport de Rennes. La région ambitionne d'acquérir 17 ha de terrain appartenant à l'Etat pour augmenter la surface des parkings et revoir le dimensionnement de l'aérogare.

"Nous tablons sur un trafic de 2 millions de passagers en 2035 contre 850.000 à la fin de cette année", a précisé jeudi lors d'un point presse Gérard Lahellec, l'élu de la région chargé des Transports, qui évoque des besoins d'investissement de "60 à 70 millions d'euros".

En matière de transport aérien la liaison Quimper-Orly devient par ailleurs une liaison "d'obligation de service public", ce qui permet de la conserver alors qu'Air France avait envisagé de la supprimer.

Le pacte prévoit aussi une enveloppe de 40 millions d'euros par an, dont 20 millions par l'Etat, pour achever le passage intégral à 2x2 voies de la RN164, qui traverse le centre de la Bretagne d'est en ouest.

"C'est une étape indispensable", s'est félicité Loïg Chesnais-Girard, précisant que la région devra toutefois "vérifier que les engagements seront tenus dans le temps".

Concernant la desserte TGV, le pacte prolonge jusqu'en 2027 le dispositif existant qui oblige la SNCF à faire circuler des TGV jusqu'à Brest et Quimper. "Ce n'était pas forcément garanti avec l'ouverture des lignes à la concurrence", a indiqué Gérard Lahellec.

- Décentralisation -

Dans la continuité du "pacte girondin" annoncé par Emmanuel Macron en juin 2018, le chef du gouvernement va signer "un premier acte de différenciation" sous forme d'un "contrat pour l'action publique en Bretagne". L'exécutif souhaite en effet inscrire dans la constitution un "droit de différenciation" pour les collectivités locales.

"C'est une première brique", a réagi Loïg Chesnais-Girard, évoquant "une brèche dans notre culture jacobine" devant les élus régionaux réunis en session.

Une expérimentation sur le dispositif "Pinel" d'investissement locatif sera ainsi menée avec la révision de son zonage dans la métropole rennaise pour en faire profiter des territoires bretons moins attractifs et revitaliser par exemple certains centres-bourgs.

Au sujet de la langue bretonne, les élus régionaux ont salué "un accord historique", avec l'extension dans la loi du dispositif du forfait scolaire communal aux écoles Diwan, obligation déjà faite aux communes de résidence pour les écoles publiques. Les recettes doivent permettre aux écoles en langue bretonne, qui bénéficieront par ailleurs d'une dotation annuelle supplémentaire de 300.000 euros, de financer des postes périscolaires.

Enfin, l'Etat promet d'engager une réflexion sur les "conditions d'intégration des signes diacritiques dans l'état civil", dont fait partie le tilde (~), pour pouvoir orthographier certains prénoms bretons.