Alors que la justice a autorisé la reprise du controversé chantier de l'A69, ses partisans défendent lundi à l'Assemblée un texte pour valider rétroactivement des autorisations environnementales et empêcher un éventuel nouvel arrêt des travaux, dénonçant une "obstruction" face aux nombreux amendements écologistes et LFI.
Nouvel épisode dans la bataille entre partisans et opposants à l'autoroute qui doit relier Castres et Toulouse: après que la cour administrative d'appel a autorisé la reprise des travaux, "mi-juin", des députés souhaitent enfoncer un clou avec un texte déjà adopté au Sénat.
Profitant d'une demi-journée réservée à son groupe macroniste Ensemble pour la République, Jean Terlier (Tarn) a fait inscrire une atypique "loi de validation" rétroactive des autorisations environnementales, invalidées en février par le tribunal administratif de Toulouse.
Pourquoi si les travaux peuvent reprendre ? Car la cour d'appel ne s'est prononcée que sur un recours en urgence de l'Etat, et doit encore trancher sur le fond dans plusieurs mois.
Pour les défenseurs du texte, qui vise à conférer aux chantiers une "raison impérative d'intérêt public majeur" ouvrant la voie à des dérogations à la protection des espèces, au nom du désenclavement du territoire, il apporterait une sécurité juridique avant la décision sur le fond.
A contrario, les députés écologistes et Insoumis, à l'instar d'Anne Stambach-Terrenoir (LFI), y voient "un énième passage en force pour ce projet absurde d'autoroute qui longe littéralement une route nationale que l'on aurait pu réaménager", et une volonté "d'écraser une décision judiciaire" qui avait invalidé les autorisations environnementales.
"On s'attaque à l'Etat de droit dans ce pays ni plus ni moins", alerte l'élue, rejetant les accusations d'obstruction.
LFI et écologistes ont déposé la quasi-totalité des 695 amendements. S'ils devaient tous être examinés lundi, ils rendraient quasiment impossible un vote avant minuit, l'Assemblée poursuivant ses travaux mardi sur d'autres textes.
- Stratégie -
"Un procédé d'obstruction assumé pour éviter la discussion et le vote de la loi, largement adoptée en commission", critique Jean Terlier, qui a défendu à plusieurs reprises la "constitutionnalité" du texte, au coeur des débats. Selon lui, il répond notamment à "un motif impérieux d'intérêt général", ce que contestent ses opposants.
La France insoumise a également déposé une motion de rejet préalable au texte qui doit être étudiée avant les amendements, à moins que le groupe ne la retire.
M. Terlier avait envisagé d'en déposer une, une tactique visant à accélérer le parcours parlementaire du texte, mais "ce ne sera pas le cas", a-t-il dit à l'AFP lundi. "Et à ce stade on ne votera pas la motion LFI", a-t-il assuré.
L'A69 devait initialement être mise en service fin 2025, selon la société Atosca, en charge des travaux, mais l'échéance ne pourra pas être respectée. Pour finaliser le chantier, la société doit rapatrier dans le Tarn un millier de salariés et de nombreux engins.
De leur côté, les opposants s'organisent.
Dans la nuit de dimanche à lundi, des militants du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) ont pris place en face de l'Assemblée nationale, sur le boulevard Saint-Germain.
Avant l'arrivée des forces de l'ordre, un opposant a réussi à grimper dans un arbre et a déployé des banderoles, telles que "Non à la loi de validation" ou "Stop à l'A69". Il en est descendu en fin de matinée, selon un membre de l'ONG.
"On est là pour dénoncer un déni de démocratie et du droit", a dénoncé un autre militant.
Une conférence de presse rassemblant des députés de La France insoumise et des porte-paroles d'ONG, associations et acteurs locaux opposés au texte est prévue à 14H00 à l'Assemblée.
Une grande mobilisation est également convoquée les 4, 5 et 6 juillet aux abords du chantier.