2022: une gauche toujours fragmentée à la recherche de la formule gagnante

A moins de deux ans de la présidentielle, l'émiettement de la gauche socialiste et écologiste laisse, pour le moment, peu de place à la fabrication d'un projet commun, et encore moins à la quête d'un candidat unique pour le porter en 2022.

Les composantes de cet archipel à la recherche de la formule gagnante s'accordent toutes sur un point: la nécessité de faire cohabiter le souci de l'environnement et celui de la justice sociale, en y mettant plus ou moins de vert ou de rose suivant les sensibilités.

Mais ce "plus ou moins" constitue la principale pierre sur laquelle achoppent les dirigeants de la gauche, y compris à l'intérieur d'un même mouvement.

Entre Julien Bayou, numéro un d'EELV, nettement à gauche de l'échiquier politique, ou son collègue l'eurodéputé Yannick Jadot, plus central, et Anne Hidalgo, qui veut réunir maires PS et EELV dans un nouveau mouvement social-écologiste, ou Olivier Faure, le patron du PS concepteur de "la gauche d'après", l'entente est-elle possible? Sans même parler de LFI et des intentions de son leader Jean-Luc Mélenchon.

Depuis 2017 et l'élection d'Emmanuel Macron, "il n'y a plus de parti central autour duquel la gauche pourrait se restructurer", analyse auprès de l'AFP le maire PS du Mans Stéphane Le Foll. Les orphelins de cette "gauche en jachère" cherchent la voie de leur résurrection et "chacun se dit +pourquoi pas moi?+" en 2022, regrette l'ancien ministre de François Hollande.

"La querelle des égos, cumulée avec la compétition entre partis, est l'assurance de lutter sur la dernière marche et de revivre 2017", mettait en garde Olivier Faure, lors du dernier conseil national du PS, le 30 juin.

En attendant de peut-être tous entendre l'avertissement du patron des socialistes, "séminaires", "tribunes", "conventions" et autres "appels" foisonnent.

En janvier dernier, Ségolène Royal a lancé sa fondation, Désirs d'avenir pour la planète (4.000 membres revendiqués). L'ancienne candidate du PS à la présidentielle de 2007 est également celle qui affiche le plus clairement ses ambitions pour 2022. "Ce n'est un secret pour personne" qu'elle y pense.

-- "Nouvelle société" --

Bien qu'elle s'en défende, la maire de Paris y songerait également, selon certains. Confortablement réélue sur un programme autant écologiste que social, Mme Hidalgo a réuni mardi à Tours une vingtaine de maires PS et EELV. Objectif officiel de cette initiative, décidée en concertation avec Eric Piolle, maire EELV de Grenoble: parler "territoires", "décentralisation", "justice sociale", "lutte contre le réchauffement climatique"...

Mais au-delà, l'objectif clairement énoncé par le maire EELV de Tours, Emmanuel Denis est bien de "créer un nouveau mouvement politique large, autour de sujets comme la solidarité, l'écologie et la citoyenneté". Pour le moment, M. Piolle préfère parler d'un "réseau de maires".

Autre réseau: celui que Jean-Christophe Cambadélis, ex-premier secrétaire du parti est en train de construire, autour de ses "dix thèses pour une nouvelle société" ("nouvelle croissance vertueuse", "société décente", "pour une France résolument girondine"...). Favorable à "un nouvel Epinay" pour "réarmer politiquement et idéologiquement la gauche", il organise la première "convention nationale" de son réseau le 19 septembre à Paris.

Fin août, c'est Laurent Joffrin, ancien journaliste et directeur de Libération passé à la politique, qui réunira ses propres troupes, après son "appel", lancé le 20 juillet, pour la "refondation d'une gauche réformiste" se fondant sur la société civile.

Au même moment, le PS tiendra, à Blois, son université d'été (28 au 30 août). Socialistes et EELV n'ayant pu se mettre d'accord sur une rentrée commune, celle des Verts, armés de leur projet "Bien vivre" (une "philosophie de réconciliation et de respect de l'environnement et des êtres humains"), se tiendra le week-end précédent (20/22 août) à Pantin (Seine-Saint-Denis).

"Les citoyens ne regardent plus les partis comme avant, l'heure est aux initiatives citoyennes", met en garde l'ex-député et toujours PS Christian Paul, qui avait réuni en mai les signatures de 150 personnalités (responsables PS, PCF, EELV, intellectuels, anciens ministres...) appelant au "changement". Vaste programme auquel que l'ancien élu espère donner corps lors du second "Festival des idées", qu'il organise du 4 au 6 septembre à la Charité-sur-Loire.