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Vive le vent et le soleil

Selon une nouvelle étude du think-tank britannique climatique Ember, l'énergie éolienne et l'énergie solaire ont fourni plus d'électricité dans l'Union Européenne (UE) que toute autre source d'énergie pour la première fois l’année dernière.

Les nouvelles sources d'énergie éolienne et solaire en 2022 ont aidé l'Europe à surmonter une triple crise créée par les restrictions de l'approvisionnement en gaz russe, une baisse de l'hydroélectricité causée par la sécheresse et des arrêts nucléaires inattendus.

Environ 83 % de la baisse de l'hydroélectricité et de l'énergie nucléaire a été compensée par l'éolien et le solaire, ainsi que par la baisse de la demande d'électricité. Le reste a malheureusement été couvert par le charbon. La production d'énergie solaire dans l'UE a connu une hausse de 24 % en 2022, ce qui a permis d'éviter 10 milliards d'euros de coûts de gaz. Cela est dû à des nouvelles installations de 41 gigawatts en 2022, soit près la moitié de plus que l’augmentation de 2021. Une vingtaine de pays de l'UE, dont les Pays-Bas, l'Espagne et l'Allemagne, ont obtenu une part inégalée de leur électricité grâce à l'énergie solaire.

La croissance de l'énergie éolienne et solaire devrait se poursuivre cette année, tandis que la production hydroélectrique et nucléaire se redresseront. En conséquence, la production d'électricité à partir de combustibles fossiles pourrait connaître une baisse de 20 % en 2023, soit le double du précédent record observé en 2020.

Le vent et le soleil ont donc généré un pourcentage sans précédent de 22,3 % de l'électricité de l'UE en 2022, dépassant pour la première fois le nucléaire (21,9 %) et le gaz (19,9 %). Cette progression intervient après que l'éolien et le solaire ont dépassé l'énergie hydraulique en 2015 et le charbon en 2019.

Malgré les bouleversements provoqués par la guerre russo-ukrainienne, la production de gaz de l'UE est restée stable en 2022, par rapport à 2021. Cela s'explique principalement par le fait que le gaz était déjà plus cher que le charbon pendant la majeure partie de l'année 2021.

Par ailleurs, une sécheresse d’une ampleur jamais connue en 500 ans dans toute l'Europe a entraîné le plus faible niveau de production d'hydroélectricité et la France a connu des pannes nucléaires inattendues et généralisées au moment même où les unités nucléaires allemandes fermaient. Cela a créé un déficit de production égal à 7 % de la demande totale d'électricité de l'Europe en 2022.

Au cours des quatre derniers mois de l'année, alors que les températures commençaient à baisser, la production d'électricité à partir du charbon a diminué de 6 % par rapport à la même période en 2021, en raison de la chute de la demande d'électricité. Paradoxe : les 26 unités charbonnières remises en état d'urgence ont fonctionné à seulement 18 % de leur capacité au cours des quatre derniers mois de 2022 et 9 de ces 26 unités n'ont pas du tout produit d'électricité.

Dans l'ensemble, la production au charbon a augmenté de 7 % en 2022 par rapport à 2021. Le rapport indique que « cela aurait pu être bien pire : l'éolien, le solaire et une baisse de la demande d'électricité ont empêché un retour bien plus important au charbon. Dans ce contexte, la hausse du charbon n'a pas été substantielle : l'électricité au charbon est restée en dessous des niveaux de 2018 et n'a généré que 0,3 % de production mondiale supplémentaire de charbon. »

Selon le principal auteur du rapport, Dave Jones, « non seulement les pays européens sont toujours déterminés à éliminer progressivement le charbon, mais ils s'efforcent désormais d'éliminer également le gaz. L'Europe se dirige à grands pas vers une économie propre et électrifiée, ce qui sera pleinement visible en 2023. Le changement arrive à grands pas, et chacun doit s'y préparer. »

François LETT, Directeur du département éthique et solidaire