Des militants écologistes lors d'un rassemblement contre le projet d'autoroute A69 Toulouse-Castres.
©LIONEL BONAVENTURE/AFP
Environnement

A69 Toulouse-Castres : Le gouvernement décidé à mener "jusqu'à son terme" le chantier de l'autoroute

"Force restera à la loi" : le gouvernement s'est dit décidé lundi à mener "jusqu'à son terme" le projet d'autoroute A69 Toulouse-Castres, rejeté par des écologistes qui dénoncent la perte de terres agricoles et de biodiversité qu'entraînerait la construction de cette portion de 53 km.

"L'Etat est déterminé à faire aboutir ce projet, qui a été décidé démocratiquement et confirmé systématiquement par le juge", a indiqué dans un communiqué le ministère chargé des Transports, "le chantier se poursuivra dès ce lundi".

Cette décision a été prise après une réunion vendredi à Castres, dans le Tarn, lors de laquelle "une très large majorité des élus locaux, représentants légitimes du territoire dans notre démocratie, a réaffirmé sans ambiguïté son soutien à l'autoroute", selon la même source.

A l'annonce de la tenue de cette réunion, des opposants au projet, dont le militant écologiste et défenseur des arbres Thomas Brail, avaient interrompu une grève de la soif entamée la veille et une grève de la faim commencée un mois auparavant.

"Cette réunion était une mascarade", a dénoncé lundi auprès de l'AFP Thomas Digard, l'un des représentants du collectif anti-A69 La Voie est Libre, assurant que certains élus de petites communes opposés au chantier n'avaient pas été conviés. Il appelle à un "référendum local" sur la construction de l'autoroute.

Plusieurs recours en justice engagés

Vendredi, sous les huées d'une soixantaine d'opposants rassemblés autour de la sous-préfecture de Castres, Jean Terlier, député Renaissance du Tarn, avait salué une réunion "très constructive" et dit avoir reçu l'assurance qu'il n'y aurait "ni moratoire, ni suspension du projet" de l'A69, dont la mise en service est prévue en 2025.

"Un dialogue approfondi a été mené. Le soutien des élus de la République a été réaffirmé. Il faut donc avancer. J'appelle chacun à la responsabilité et au respect des décisions démocratiques et juridiques. Force restera à la loi et à l'Etat de droit", a affirmé le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, cité lundi dans le communiqué.

Plusieurs recours en justice ont été engagés contre le chantier, pour le moment sans succès, mais certains sont toujours en cours.

Mobilisation à venir

"La règle de droit a été strictement respectée à chaque étape de la procédure. Le juge a écarté jusqu'ici tous les contentieux intentés contre le projet et, récemment encore, une demande de suspension des travaux. Tous les recours suspensifs ont été jugés et rejetés", a fait valoir le gouvernement.

Les opposants à cette portion d'autoroute, qui réduirait à environ une heure au lieu de 1h20 le trajet entre Castres et Toulouse, ont appelé à un week-end de mobilisation les 21 et 22 octobre sur le tracé. Le lieu exact n'a pas encore été précisé.

"Aucune violence, aucune incitation à la violence ne peuvent être tolérées (...) dans le cadre des actions pouvant être menées à titre individuel ou collectif", a prévenu lundi le gouvernement.

"Une absolue nécessité pour le Tarn"

Localement, le président PS du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, a estimé que l'autoroute était "une absolue nécessité pour le Tarn" et facteur de "désenclavement" du bassin de population de Castres-Mazamet.

Le camp des opposants, dont les Soulèvements de la terre, a reçu de son côté le soutien d'un collectif de 1 500 scientifiques, dont des experts du Giec, qui regroupe les spécialistes du climat de l'ONU. Ils ont publié une tribune dans L'Obs assurant que "l'A69 est un de ces projets auxquels il faut renoncer".

Pour sa part, le gouvernement a rappelé lundi qu'"une amélioration des mesures d'accompagnement environnementales a encore été effectuée cet été (augmentation des replantations, moindre surface artificialisée)".

En outre, "les travaux engagés pour améliorer les conditions tarifaires de l'A69 pour les usagers et mettre en place de nouveaux services de mobilités décarbonées, comme le projet d'autocars express annoncé par la région ou le projet de voie cyclable souhaité par les associations et actuellement étudié par le département, se poursuivront", a promis le ministère des Transports : "Toutes les associations qui le souhaitent pourront y prendre part".

Cette décision "montre le mépris total du gouvernement pour ce mouvement et pour les scientifiques", a soutenu lundi auprès de l'AFP Cécile Argentin, présidente de l'association France Nature Environnement Occitanie Pyrénées.

"On n'a aucune assurance des compensations. La seule assurance qu'on a, c'est celle des destructions", a-t-elle ajouté, alors que la préfecture du Tarn a mis en demeure début octobre le concessionnaire Atosca de proposer sous quatre mois un site de compensation pour une zone humide.

Avec AFP.

Vous avez apprécié cette information ? Abonnez-vous à notre newsletter en cliquant ici ! 

Pour aller plus loin et agir à votre échelle, découvrez notre guide Idées Pratiques #13 : "Sport et écologie : mode d’emploi”. 

Au sommaire : enjeux, analyses, entretien décryptages... 68 pages pour faire du sport en étant écolo au quotidien ! 

Cliquez ici pour découvrir et précommander votre guide Idées Pratiques. 

#TousActeurs