Le verre est le seul matériau qui se recycle à l’infini sans perte de qualité.
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Supermarché zéro déchet : pourquoi faut-il bannir les emballages de nos courses ?

Alors que la France souhaite réduire ses déchets plastiques, plusieurs initiatives voient le jour pour une consommation zéro déchet. C'est le cas des Drives tout nus, qui ouvrent en mars leur premier supermarché. L'occasion de rappeler l'impact du plastique sur l'environnement et les bienfaits d'une telle initiative.

"Allier la simplicité d’usage des grandes surfaces à une consommation responsable et zéro déchet" : interrogée par ID, c’est ainsi que Salomé Géraud présente le Super tout nu qui ouvrira ses portes en mars 2024 en banlieue toulousaine. Le supermarché, qu’elle a co-fondé avec son mari Pierre Géraud, prend la suite logique des Drives tout nus lancés par le couple en 2018 et installés à Toulouse, Bordeaux et Lille.

La guerre au plastique est déclarée dans ces drives aux 2000 références disponibles sous une heure : "la totalité de nos produits sont dans des contenants réutilisables, c’est-à-dire des bocaux ou des sacs en toile", ajoute la jeune femme. Le frais, qui représente 30 % des produits disponibles dans les drives, n’y coupe pas : le supermarché aura d'ailleurs aussi droit à ses coins boucherie et fromagerie à la coupe.

Ce projet s'inscrit dans une politique nationale de réduction des déchets, notamment plastiques, en France. La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire est entrée en vigueur en 2020 et vise notamment à interdire les emballages plastiques à usage unique d’ici 2040. Pour Salomé et Pierre, le concept fonctionne : ils ont lancé le 5 février une levée de fonds pour proposer aux clients d’investir dans leur marque, et ont déjà dépassé les objectifs fixés.

Le zéro déchet, allié du climat, de la biodiversité et de la santé

Selon l’ONU, environ un tiers du plastique s'utilise comme emballage, en particulier en contenant à usage unique destiné aux aliments et boissons. Or, ces plastiques sont aujourd’hui peu transformés, avec seulement 9 % du plastique recyclé dans le monde d’après WWF. Pour pallier cela, le verre reste selon Salomé Géraud la meilleure solution : "il s’agit du seul matériau qui se recycle à l’infini sans perte de qualité". Effectivement, les emballages en métal ou en carton, qui polluent moins que le plastique, restent marginaux et plus difficiles à recycler.

Or, la plupart du plastique non recyclé est déversé dans les océans, à hauteur de huit à douze millions de tonnes par an selon Greenpeace. "Cela correspond environ à vingt tonnes par minute", se désole Salomé Géraud. Toujours selon l’ONU, le plastique peut mettre des centaines d’années à se décomposer et impacte directement les écosystèmes marins. Il pollue les sols et les habitats naturels, les espèces marines et les eaux souterraines, ce qui les empêche de s’adapter aux changements climatiques.

Nous ingérons chaque semaine l’équivalent en micro-plastique d’une carte de crédit.

La fabrication de plastique a également un impact sur le climat. La combustion du pétrole qui le compose a généré des émissions de gaz à effet de serre (GES), à hauteur de 1,8 milliard de tonnes en 2019 selon l’ONU, soit 3,4 % des émissions mondiales. Pour rappel, les GES sont responsables du changement climatique.

Enfin, le plastique peut avoir des répercussions sur la santé. Il contamine l’air, l’eau et la nourriture que nous consommons, en plus d'en limiter la production. Comme le rappelle Salomé Géraud, "nous ingérons chaque semaine l’équivalent en micro-plastique d’une carte de crédit". Or, elle explique que ce matériau comprend de nombreux perturbateurs endocriniens qui impactent la santé à long terme. "Le verre est le seul matériau inerte, c’est-à-dire qu’il n’est pas absorbé par la nourriture lorsqu’elle est chauffée", indique-t-elle.

Un concept écologique à plusieurs niveaux

Faire des courses zéro déchet participe donc à la préservation de l’environnement. Mais pour que le système fonctionne, il faut jouer le jeu et ramener les bocaux plutôt que les entasser chez soi. Dans le Drive tout nu, ils ne sont pas consignés, mais "10 centimes sont offerts à chaque client pour le retour d’un bocal ou sac de toile, qu’il vienne de chez nous ou pas", précise Salomé Géraud. Et ce système fonctionne : "80 % des emballages nous sont bien retournés", révèle-t-elle. Un exemple d'économie circulaire efficace.

Pour aller plus loin, la marque s’inscrit dans un processus de consommation éthique qui se veut complet. La co-fondatrice déclare que "60 % des produits viennent d’un rayon de moins de 100 km de chaque ville où les Drives sont implantés, et tous sont, soit bios, soit suivent une charte qualité que nous avons fixée". Le site propose aussi des produits anti-gaspis, dont la date de péremption approche ou qui ne correspondent pas aux formats classiques.

Pour ce qui est des transports, les fournisseurs livrent par ville plutôt que par magasin afin de ne pas multiplier les trajets, et récupèrent les bocaux vides. En ce qui concerne les moyens de transport, même si les enseignes (situées en périphérie) sont proches du métro, la voiture demeure le choix favorisé. "Certains clients peuvent venir à vélo, mais pour transporter des caisses de bocaux, il faut de bonnes cuisses", plaisante Salomé Géraud.

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