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Analyses

Ça existe ! Le crowdfunding responsable

Les plateformes de financement participatif ont beaucoup de succès auprès des épargnants, attirés par la possibilité d’investir localement mais aussi par la certitude qu’ils auront un impact sur l’économie "réelle". De plus en plus de ces acteurs mettent en avant un engagement social et environnemental.

Le crowdfunding séduit les Français. D’année en année, la collecte grimpe, tirée par des rendements intéressants, la promesse d’un investissement tangible mais aussi responsable. La crise du Covid-19 n’a pas fragilisé le secteur, au contraire. Il a enregistré l’an dernier une collecte exceptionnelle de 1,02 milliard d’euros, en progression de 62 % par rapport à 2019, selon les chiffres compilés par l’association Financement Participatif France et Mazars.

Des projets locaux et transparents

Si les Français sont attirés par le financement participatif, c’est en partie en raison des rendements attractifs qu’offrent ces placements - 4 % à 6 % en moyenne pour les prêts participatifs, avec un pic à 9 % en moyenne pour le crowdfunding immobilier. C’est aussi parce que cette finance alternative s’inscrit dans une démarche locale et transparente : l’épargnant sait où va son argent et a facilement accès aux documents financiers de l’entreprise dans laquelle il investit. Ces deux caractéristiques en font un terreau propice à l’investissement responsable, certaines plateformes ayant bâti leur identité sur une utilité sociale ou environnementale. C’est notamment le cas des plateformes spécialisées dans les énergies renouvelables, comme Lumo, Lendosphere ou Enerfip. D’autres, plus généralistes, ont obtenu la certification B Corp, qui garantit que les entreprises appliquent des normes de transparence envers le public et qu’elles répondent à des objectifs sociétaux. Plusieurs plateformes françaises sont labellisées B Corp, comme We Do Good ou Lita.co. Cette dernière est également labellisée Finansol pour son activité solidaire.

Un label pour favoriser la croissance verte

Le secteur bénéficie en outre d’un label durable, baptisé Financement participatif pour la croissance verte (FPCV). Il a la particularité d’être attribué non pas aux projets mais aux plateformes, qui deviennent labellisatrices. Il existe aujourd’hui vingt- et-une plateformes agréées, qui sont aussi bien généralistes que spécialisées. En plus des acteurs positionnés sur les énergies renouvelables évoqués plus haut, on peut citer certaines plateformes spécialisées dans le vin, comme Winefunding et Fundovino, ou régionales, à l’image des bretons Gwenneg et Kengo. Pour obtenir le droit de labelliser, les plateformes doivent exclure de leur portefeuille les projets en lien avec plusieurs secteurs, parmi lesquels la filière nucléaire, l’extraction de combustibles fossiles, mais aussi l’exploitation de forêts gérées de manière non durable. A contrario, les projets pouvant obtenir la mention FPCV doivent entrer dans une des huit catégories d’activités mises en avant par le label, à savoir l’énergie, l’industrie, l’économie circulaire, les technologies de l’information et de la communication, les transports propres, l’agriculture et les forêts, l’adaptation au changement climatique et la sensibilisation ou la formation à la transition écologique.

Un investissement durable mais peu liquide

Si le crowdfunding permet d’investir dans des projets durables et locaux, il n’en reste pas moins un placement comportant des risques. Les rendements élevés pratiqués par ce secteur sont proportionnels au risque de perte en capital. Si le taux de défaut des projets participatifs est historiquement bas, autour de 1%, il pourrait augmenter dans le sillage de la crise sanitaire, qui a déjà causé de nombreux retards de remboursements. Qu’il s’agisse de prêt ou d’investissement en actions, le financement participatif concerne des sociétés non cotées. Il faut donc également garder à l’esprit que les sommes investies seront immobilisées pendant une période longue. Pour limiter les risques associés à ce placement, Financement Participatif France réfléchit à la création d’un fonds de garantie abondé à la fois par les investisseurs, les porteurs de projets et les plateformes. Ce fonds permettrait de limiter le risque mais réduirait le rendement du placement.

Du prêt à l’equity : le B.A.-BA du crowdfunding

Popularisé par les plateformes de dons comme Ulule ou Kisskissbankbank, le financement participatif a creusé en quelques années son sillon dans le monde des placements alternatifs. Deux principales formes de crowdfunding permettent d’obtenir une rémunération : le prêt participatif et l’investissement en actions. Dans le premier cas, le prêteur va toucher des intérêts et se voir rembourser son capital selon un calendrier défini en amont du prêt, qui s’étale généralement sur une période allant de 12 à 36 mois. Dans le deuxième cas, il va acquérir des titres de l’entreprise et devenir actionnaire. Il pourra voter aux assemblées générales de celle-ci, mais ne connaîtra pas la date à laquelle il pourra récupérer sa mise. Il lui faudra attendre le rachat des parts par les fondateurs, l’entrée en Bourse de l’entreprise ou encore son acquisition par un tiers pour sortir du capital. Une autre forme plus rare existe également sur le marché : il s’agit de l’investissement en royalties, qui permet aux entreprises de ne pas diluer leur capital et aux épargnants de toucher un revenu proportionnel au chiffre d’affaires réalisé chaque année.

 

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