Olivier Blond, président de l'association Respire.
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Santé

L'association Respire lance le "Waze" de la pollution de l'air

À la veille de la Journée nationale pour la qualité de l'air, l'association nationale pour l'amélioration et la préservation de la qualité de l'air, Respire lance une nouvelle application visant à signaler les zones de pollution autour de soi et d'éventuels symptômes ressentis.

Des combats sur le terrain en cours, des actions de sensibilisation à la pollution de l'air et une nouvelle application participative : l'association de lutte contre la pollution atmosphérique Respire ne manque pas de projets. Mardi 18 septembre, à la veille de la 4e Journée nationale de la qualité de l'air, celle-ci s'est réunie place de la République afin de faire le point sur plusieurs initiatives visant à "améliorer la situation des citoyens". 

"Très souvent, on pense que la pollution de l'air a des conséquences respiratoires : le nez bouché, l'asthme... Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, remarque Olivier Blond, président de Respire. L'essentiel des conséquences sanitaires de la pollution de l'air sont cardio-vasculaires. La pollution, une fois qu'elle arrive dans les poumons, passe dans le sang et va dans tous les organes, notamment les veines et les artères, et elle les irrite progressivement et de plus en plus. Elle mène à des AVC et des infarctus. Dans le monde, selon l'OMS (ndlr : Organisation Mondiale de la Santé), environ un tiers des AVC et un tiers des infarctus sont causés par la pollution de l'air, ce qui est énorme."

Une application collaborative

Alors que la pollution est particulièrement forte dans la proche couronne de Paris, l'association, fondée en 2011, a notamment décidé de s'engager auprès des Franciliens en créant une application pour smartphone, Respire SuperCapteur. Les citoyens peuvent signaler sur cette plateforme des zones de pollution (bouchons, incendie...) et alerter sur les symptômes qu'ils ressentent (mal de tête, de gorge, nez bouché...). 

"L'idée est de permettre à chacun de témoigner de son ressenti sur la pollution. Les capteurs existent, mais le corps humain est lui aussi, finalement, un capteur très fin et très précis, rappelle Olivier Blond. Il faut juste apprendre à décoder les signaux. Quand on multiplie les signaux biologiques, au bout d'un moment on peut essayer d'en faire émerger quelque chose."

Selon le président de Respire, cette application, surnommée le "Waze* de la pollution de l'air", permettra aux citoyens "de remarquer qu'à tel endroit, il y a des problèmes de pollution", mais également "de rendre visible quelque chose qui appartient au collectif." L'application est déjà disponible pour effectuer ces signalements, mais est encore en voie de développement : "Dans les semaines à venir, un onglet permettra de mettre en corrélation les signalements que l'on aura effectués et la quantité de pollution présente à ce moment-là", précise Olivier Blond. Le tout grâce aux données d'Airparif, organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air en région Île-de-France. Disponible sur Android et sur Apple, l'application est gratuite. 

©Capture écran/Agence 148 DR

"Une cartographie du ressenti des habitants"

Respire double ce lancement d'une autre nouvelle initiative : l'organisation de balades urbaines avec des capteurs de pollution "pour sensibiliser les élus, les habitants et les associations des territoires les plus touchés". Pour la Journée nationale de la qualité de l'air, le 19 septembre, une marche est prévue à Saint-Denis à 17h30 devant la Basilique. "L'idée est d'en faire une par mois ou presque à Saint-Denis, précise le président de Respire. On souhaite lancer cela dans toutes les villes de banlieue et on peut en organiser directement avec des gens intéressés, qu'ils n'hésitent donc pas à nous contacter. À la fin de l'année scolaire, l'idée est d'avoir une cartographie du ressenti des habitants sur la pollution dans leur ville". Une cartographie qui servira de préambule à des "solutions concrètes aux décideurs publics", selon l'association : "création de zones piétonnes, incitations aux mobilités douces, baisse de la vitesse..."

À noter :

-Respire soutient actuellement des citoyens des Yvelines en lutte contre une cimenterie et une carrière susceptibles "d'empiéter sur le parc régional du Vexin" : selon l'association, cette cimenterie serait "le 5ème plus gros émetteur régional de dioxyde d’azote, et ainsi un projet toxique pour tous les habitants de la région". 

-Entre autres combats, l'association accompagne par ailleurs avec Écologie Sans Frontière les victimes de la pollution de l'air "dans leurs recours devant les juridictions administratives en réparation des préjudices qu’elles ont subis au cours de cet épisode de pollution, pour carence fautive de l’Etat". 

*Application qui permet d'obtenir le meilleur itinéraire avec l'aide en temps réel des autres conducteurs.