Nicolas Hulot.
©PHILIPPE LOPEZ / AFP
Le brief

Retour de Hulot, fast-foods sous pression et fonds verts non cotés : ce qu'il ne fallait pas manquer cette semaine

Au programme de l'actualité durable cette semaine : Nicolas Hulot signe son retour au premier plan, l'industrie du fast-food reçoit un ultimatum de la part de Brune Poirson et les fonds verts européens non cotés affichent une dynamique forte... mais paradoxale. 

Sa mise en retrait n'aura pas duré longtemps. Un peu plus de cinq mois après son départ du gouvernement en raison de désaccords sur la façon de hisser la transition énergétique française à la hauteur des objectifs d'atténuation du changement climatique, Nicolas Hulot est revenu, mercredi 30 janvier, sur le devant de la scène en tant que président d'honneur de la "Fondation pour la nature et l'homme", renommée pour l'occasion "Fondation Nicolas Hulot". "Avec la Fondation, je m'efforcerai plus que jamais d'être aux côtés de ceux qui font émerger les solutions pour combiner le court terme et le long terme", a-t-il notamment expliqué dans un communiqué où il confie son souhait d'être un "trait d'union" "dans ce monde qui se fragmente". 

À la suite de sa démission (quasi-) surprise, l'ancien journaliste n'avait pas caché son intention de rester mobilisé "sous une forme ou sous une autre", excluant toutefois la possibilité d'endosser à nouveau un rôle politique. Le 22 novembre, il était d'ailleurs sorti de son silence sur France 2 peu après le début de la crise des gilets jaunes, défendant la taxe carbone tant décriée par les frondeurs mais appelant toutefois à "un accompagnement social digne de ce nom", avant d'évoquer notamment des sujets relatifs à l'avenir énergétique français. De retour au premier plan, l'ex-ministre appelle désormais à "une mobilisation en profondeur", a-t-il longuement détaillé à l'AFP, exposant son "envie de mettre en valeur ce qui peut contribuer à être la solution, à rassembler les états d'esprit constructifs". Le 30 janvier a également marqué le départ d'Audrey Pulvar de la présidence de la FNH, fonction qu'elle occupait depuis mai 2017. 

Les fast-foods ciblés

Semaine compliquée pour les chaînes de restauration rapide qui ont dû faire face aux feux nourris des politiques et des investisseurs. Ce sont tout d'abord ces derniers qui ont dégainé : mardi 29 janvier, une coalition de 80 actionnaires parmi lesquels MO Global Asset Management, Aviva Investors et Aegon Asset Management et pesant près de 6 500 milliards de dollars d'actifs ont sommé l'industrie du fast-food, via notamment ses plus célèbres représentants, McDonalds, KFC ou encore Burger King, d'agir auprès de leurs fournisseurs afin de réduire le poids colossal de l'élevage intensif et de l'agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre, la consommation en eau et la déforestation mondiales. "Nous sommes impatients de voir (votre entreprise) assumer un rôle de leader pour dissocier (sa) croissance des impacts et risques environnementaux croissants liées à la production de produits à base de protéines animales, ce qui peut menacer à long terme la durabilité", explique la missive qui appelle en particulier à la mise en place d'une politique claire de la part de ces entreprises vis-à-vis de leurs fournisseurs et à la publication d'objectifs sur les différents indicateurs concernés. 

A l'échelle hexagonale, c'est ensuite Brune Poirson qui a enfoncé le clou, cette fois sur le volet des déchets. Jeudi 31 janvier, la secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire a annoncé que les chaînes de restauration rapide ont jusqu'à la fin du mois de mars pour proposer "un plan de mise en conformité" en matière de tri des déchets. "Je leur ai dit très clairement que d'ici la fin du mois du mars, je voulais qu'ils remettent un plan très concret de mise en conformité avec la réglementation", a-t-elle notamment affirmé à l'issue d'une rencontre avec les grands patrons de plusieurs grandes chaînes implantées sur le territoire, alors que des contrôles menés dans une cinquantaine de salles de restauration rapide en France ont montré qu'"aucune" d'entre elles n'était en "conformité totale" avec la réglementation sur le tri des déchets. S'ils ne rentrent pas dans le rang, les contrevenants risqueront alors des amendes, mais aussi "des sanctions pénales qui peuvent aller jusqu'à des peines de prison", a menacé Brune Poirson. "On ne peut pas changer les habitudes comme ça d'un claquement de doigts par un décret ou par un arrêté", a de son côté réagi Dominique Bénézet, délégué général du syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide. 

Des fonds verts favorisés... pour leurs performances financières 

Si le paradoxe est bien réel, il a au moins le mérite d'être positif. Mardi 29 janvier, le centre de recherche de Novethic et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) ont présenté les résultats de la première étude d'envergure portant sur les actifs verts non cotés en Europe. Résultat : 223 fonds ont été identifiés - pour 57,6 milliards d'euros sous gestion, soit 6,5 % des encours non cotés en Europe - soit bien plus que le volume des fonds verts cotés, qui lui ne s'élève qu'à 32,3 milliards d'euros. Une dynamique portée notamment par la vigueur des thématiques des énergies renouvelables, du climat et du durable, et poussée largement par l'accord de Paris, à la suite duquel la majorité de ces fonds ont vu le jour. Particularité : ces derniers attirent encore davantage les investisseurs pour des considérations financières et économiques que pour leur impact environnemental. L'évolution du cadre réglementaire européen, et notamment la création d'une taxonomie des actifs verts pourrait néanmoins changer la donne dans les mois qui viennent.