Devenu le premier distributeur de vêtements en France, le succès de Vinted ne diminue pas. L’entreprise lituanienne, désormais valorisée à 5 milliards de dollars, compte près d’un tiers de ses utilisateurs dans l’Hexagone.
Comment expliquer un tel succès ? Dans une émission datée du 8 mai, des journalistes de France Inter interrogent des utilisateurs de l’application, qui évoquent différentes raisons. La principale explication est à chercher du côté du prix. Face à une inflation galopante, acheter sur Vinted permet de renouveler sa garde-robe malgré un petit budget.
Mais l’un des arguments qui revient le plus est celui de l’écologie. En achetant sur la plateforme, les utilisateurs consomment de la seconde main au lieu d’acheter du neuf.
Pousser à la consommation
Vinted reste toutefois avant tout une plateforme de vente, qui a besoin que des transactions aient lieu pour être rentable. Son but n’est donc pas d’encourager la sobriété.
Ainsi, tout est mis en place pour pousser les utilisateurs à la consommation. Jérôme Fourquet, directeur de l'Ifop, explique que la massification de l’offre de seconde main permise par Vinted permet d’y avoir recours beaucoup plus souvent et en plus grande quantité, tout en ayant le sentiment de faire une bonne action.
De plus, la plateforme offre aussi la possibilité d’acheter du neuf en se posant moins de questions, puisque l’article pourra facilement être revendu s’il n’est finalement pas conforme aux attentes de l’utilisateur. Jérôme Fourquet souligne que 70 % des revenus générés par Vinted sont réinjectés dans le rachat de produits neufs par la suite.
"200 millions de colis par an"
Enfin, l’entreprise "expédie plus de 200 millions de colis par an à travers l’Europe", d’après la journaliste Céline Asselot. La part la plus importante de l’empreinte écologique de l’entreprise provient du secteur du transport, autant lors du transport des marchandises elles-mêmes que lors du déplacement des utilisateurs jusqu’aux magasins et autres "points relais" où ils récupèrent leurs achats.
Nayla Ajaltouni, membre du collectif Éthique sur l’étiquette et interrogée par Reporterre, considère le modèle de Vinted "à contre-courant de la conscience sociale et écologique qui s’est manifestée autour de l’industrie de la mode, depuis l’effondrement du Rana Plaza".
Situé à Dacca, au Bangladesh, cet immeuble de 8 étages, qui abritait principalement des ateliers de confection de vêtements à destination de marques occidentales, s’est effondré en 2013, faisant 1 135 morts.
Pour aller plus loin : "La mode éthique dans nos dressings"
Aujourd’hui, Vinted élargit son offre de seconde main. Alors que la plateforme permettait de vendre et d’acheter des vêtements, des chaussures et des accessoires, elle offre aujourd’hui la possibilité d’y commercialiser des appareils électroniques ou encore du matériel de sport.
En ayant fortement participé à la démocratisation de la seconde main, Vinted a permis d’ancrer dans les habitudes de consommation des Français une pratique plus respectueuse de l’environnement. L’application n’est donc sans doute pas à bannir, mais peut-être faut-il garder en tête que même la seconde main est à consommer avec modération.