Discours prononcé lors de la cérémonie de remise des diplômes de AgroParisTech le mardi 30 avril 2022.
©Des agros qui bifurquent
Entreprises

Les entreprises en pénurie de main d'oeuvre veulent attirer les diplômés écolos

Appel à "déserter" des grandes entreprises polluantes ou à "bifurquer" : des étudiants de grandes écoles demandent davantage de sens et d'engagement environnemental dans leur profession, un enjeu pour les sociétés en manque de bras qui cherchent à les attirer.

"J'ai envie de mettre du sens dans ce que je fais et de voir l'impact de mon travail". C'est le discours que Catherine Brennan, directrice des opérations de Birdeo, un cabinet privé chargé de recrutement dans les domaines de l'engagement pour le développement durable dans les entreprises (RSE), entend souvent chez les candidats. Entreprises sociales et solidaires, start-up, associations, entreprises en transition... Pour avoir cet "impact", il existe "mille et une voies".

Face à ce mouvement de fond, entamé depuis plusieurs années, "les grands groupes s'inquiètent", explique Denis Guibard, directeur de l'institut Mines-Télécom Business School et président de la commission Développement durable et responsabilité sociétale de la Conférence des grandes écoles (CGE). Face à des pénuries de main d'oeuvre et une concurrence très forte dans certains secteurs, "les questions d'engagement environnemental deviennent un enjeu", pour l'attractivité de l'entreprise, développe Denis Guibard.

Pour Adam Poupard, étudiant à l'école d'ingénieurs Polytechnique et membre du collectif Pour un réveil écologique, l'appel à "déserter" les entreprises "destructrices" de l'environnement des diplômés d'AgroParisTech, "effraie les personnes qui ont construit ce système, et qui voient qu'on peut ne plus venir chez eux". Pour être davantage en accord avec ses convictions, il a choisi de se tourner vers la fonction publique plutôt que d'intégrer une entreprise à la fin de ses études.

"On a besoin de ces jeunes", martèle Antoine Sire, directeur de l'engagement de BNP Paribas. "Nous-mêmes, nous nous transformons et nous recrutons des personnes qui ont des compétences liées à la transition écologique." Une "accélération" de l'engagement dans la transition également liée à l'entrée en vigueur de la loi Pacte, en 2019, qui oblige les entreprises à intégrer dans leur raison sociale les enjeux sociaux et environnementaux.

Secteur en tension

Un secteur qui recrute mais aussi un secteur en tension, selon Catherine Brennan. "Les métiers de la RSE demandent davantage de connaissances techniques et pointues", fait-elle remarquer, en citant notamment le calcul de l'empreinte carbone de l'entreprise. Le vivier de recrutement reste insuffisant face à la demande, note-t-elle. Pour Antoine Sire, les étudiants manquent de formation sur la transition écologique. A la demande du collectif étudiant Pour un réveil écologique, il a écrit aux écoles sur le sujet, il y a deux ans.

Un appel des employeurs entendu par la CGE. "Il y a une prise de conscience au sein des directions. Dans notre établissement, nous sommes en train de revoir le programme pour que ces (enjeux environnementaux) soient intégrés de manière systémique dans l'ensemble des matières", précise Denis Guibard. Les entreprises évoluent également, depuis plusieurs années. "Les citoyens réclament une cohérence entre les efforts qu'on leur demande de faire à titre individuel et leur pratique en entreprise. Si on réduit notre consommation de viande, privilégie le vélo à la voiture, il faut aussi qu'on puisse le faire au travail", explique Carine de Boissezon, à la tête de la direction impact d'EDF, chargée de faire appliquer les directives RSE de l'entreprise.

Refonte complète

Des entreprises engagent même une refonte complète de leur business model. "C'est dur, mais il faut s'en occuper, personne ne va le faire à notre place", constate Raphaël Zaccardi, ex-PDG de Caterpillar France, il a quitté ses fonctions en mai. Il a participé avec son entreprise à la Convention des entreprises pour le climat, qui offrait une formation et des discussions pour rendre l'entreprise compatible avec les objectifs de l'accord de Paris. "On favorise beaucoup l'alternance, alors nous avons intégré les jeunes, à la fois les cadres et les ouvriers, aux discussions sur l'avenir de l'entreprise", explique Raphaël Zaccardi. "Ces discussions ont eu une résonance positive, même chez ceux qui sont moins sensibilisés aux questions environnementales." Pour Raphaël Zaccardi comme pour Carine de Boissezon, la discussion reste primordiale. "L'objectif est de fédérer (...) si je fais les choses seul dans mon coin ça ne peut pas marcher", assure Raphaël Zaccardi.

Avec AFP. 

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