Frédéric Ponchon, gérant chez Sycomore AM.
D.R
INFO PARTENAIRE

Sycomore AM : "La crise devrait entraîner un rééquilibrage de l’intérêt sur les dimensions sociales et sociétales"

L’exposition à la santé, à la digitalisation, un capital humain valorisé et une contribution sociétale placée au cœur de la stratégie seront des facteurs clés de succès, de résilience et de croissance dans le monde post-COVID, analyse Frédéric Ponchon, gérant chez Sycomore AM.

Quelles observations tirez-vous de cette crise ?

Cet épisode a plus particulièrement mis en lumière les travers de 30 années de globalisation mal planifiée, à commencer par le manque de résilience des chaînes de production et une dépendance trop importante vis-à-vis de la Chine. La crise devrait donc accélérer les réflexions autour d’une déglo-balisation et d’une re-régionalisation progressive au cours de la prochaine décennie. Les entreprises qui pourront relocaliser en créant de l’emploi devraient d’ailleurs bénéficier d’un vent arrière très positif.

Les interventions massives des États pour soutenir l’économie pourraient également mener à un mouvement de  "re-réglementation", comme cela a été le cas avec le secteur bancaire à la suite de la crise de 2008-2009, et de hausse, à terme, de la fiscalité.. Davantage de taxes et d’impôts, mais aussi l’apparition de nouvelles normes, notamment environnementales et sociales en Europe.

Mais si l’action des États a été essentielle au pic de la crise, les entreprises auront également un rôle capital à jouer dans la reconstruction, et nous observons déjà que certaines d’entre elles se sont illustrées pendant le confinement et ont affirmé leur volonté d’être des acteurs citoyens. Aujourd’hui, la société civile a des attentes très élevées vis-à-vis du secteur privé, qui doit s’inscrire dans un nouveau pacte social en contribuant au bien commun.

Enfin, en termes de résilience, nous avons bien vu que toutes les entreprises n’étaient pas armées de la même façon pour répondre à cette situation. Celles affichant des bilans moins solides ont souffert pendant la crise et auront davantage de mal à rebondir.

Justement, quels ont été les facteurs clés de résilience pour les entreprises ?

Au-delà de la solidité des bilans, la crise a également été un révélateur accéléré de l’agilité des entreprises, avec en particulier leur capacité à revoir rapidement leur manière de travailler pour continuer à opérer, ou à réorienter leurs chaînes de production, par exemple, vers un besoin sociétal ; tout en intégrant de nouvelles normes de sécurité.

Cette agilité est directement liée à la façon dont les entreprises ont valorisé leur capital humain en amont et pendant la crise, ce qui a permis un engagement plus important de la part des salariés. Plus globalement, la volonté de limiter les impacts négatifs sur l’ensemble de leurs parties prenantes, en payant plus rapidement leurs fournisseurs ou en assouplissant les conditions de paiement de leurs clients par exemple, entraîne non seulement une meilleure résistance, mais aussi, et surtout, une capacité à rebondir plus rapidement lors de la reprise et à gagner des parts de marché grâce à des écosystèmes conservés.

La crise a également mis certains secteurs sous les projecteurs...

L’épidémie a effectivement montré qu’il existait un certain nombre de secteurs cruciaux pour l’économie et la société, à commencer par ceux qui ont continué à opérer malgré le confinement et qui devraient continuer à être porteurs de croissance dans les années à venir.

Le premier d’entre eux est naturellement le secteur de la santé, besoin sociétal fondamental. Par sa nature et son ampleur, la crise a révélé la nécessité de développer des systèmes de santé plus alertes, et nous sommes persuadés que nous entrons dans un cycle d’investissements importants dans un grand nombre de segments, qu’il s’agisse de la recherche sur de nouveaux médicaments, d’équipement en matériel ou encore de pharmacie en ligne.

Le second secteur à privilégier est celui de la digitalisation. Nous avons assisté pendant la crise à un bond colossal en termes d’usages, que l’on parle de télétravail, de divertissement en ligne ou de e-commerce. Pour accompagner les entreprises et faciliter leur adaptation à ces nouveaux usages, des investissements considérables seront indispensables, notamment dans le cloud ou les télécoms par exemple.

Comment tirer parti de cette configuration ?

Nous pensons que la prise en considération de ces différents facteurs n’est pas uniquement une façon d’identifier des risques. Elle permet également de repérer les entreprises qui répondent aux grands enjeux de demain et seront à même d’offrir un potentiel supplémentaire de croissance, de rentabilité et de résilience.

Nous l’avons observé assez clairement au sein de notre gamme de fonds thématiques chacun ayant surperformé son indice depuis le début de l’année. Notre fonds Sycomore Happy@Work, qui investit dans des entreprises accordant une importance particulière à la valorisation de leur capital humain, a ainsi 5.5% d’avance sur son indice en 2020.

Sycomore Shared Growth, qui investit dans des entreprises apportant des solutions aux grands enjeux sociétaux, affiche quant à lui 9.5% d’avance sur l’Euro Stoxx Total Return (TR : dividendes réinvestis). Cette performance illustre bien que les entreprises détenues en portefeuille, dont 40 % sont présentes sur le secteur de la santé, apportent des produits et services essentiels.

Le pilier social a beaucoup été mis en avant pendant la crise, comment voyez-vous la suite ?

Effectivement, si l’aspect "opportunités" a jusqu’alors été plus clair sur l’aspect environnemental, la crise devrait entraîner un rééquilibrage de l’intérêt des investisseurs responsables sur les dimensions sociales et sociétales, qui se sont avérées être des facteurs forts de résilience. Cette tendance ne devrait néanmoins pas remettre en cause les efforts autour de la transition écologique et énergétique, sur laquelle nous pensons même assister à une accélération.

*Données au 19.06.2020. Parts R. Performance 5 ans de Sycomore Shared Growth : 22.7%. Performance depuis création de Sycomore Happy@ Work (06.07.2015) : 31.1%. Indice du fonds Sycomore Happy@ Work : Eurostoxx TR (dividendes réinvestis). Performance Eurostoxx TR 5 ans (11.5%) et depuis le 06.07.2015 (13.9%).

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La performance des fonds peut s’expliquer en partie par les indicateurs ESG des valeurs en portefeuille sans que ceux-ci soient seuls déterminants de l’évolution de cette performance. Les fonds présentent un risque de perte en capital.

Pour plus d’information, consultez les documents d’informations-clés sur le site www.sycomore-am.com.

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