Selon le collectif "Pour une autre PAC", le texte est très déséquilibré et insuffisant pour assurer une transition écologique du secteur.
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Environnement

Réforme de la PAC : ce qui fâche les organisations écologistes et paysannes

Ces organisations, rassemblées dans le collectif "Pour une autre PAC" (Fédération nationale d'agriculture biologique, Confédération paysanne, WWF France, Greenpeace...) ont quitté vendredi 21 mai une réunion avec le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, dénonçant un "statu quo irresponsable". Tour d'horizon des principaux griefs.

L'agriculture biologique se considère abandonnée. "La nouvelle PAC va nous laisser à poil", martèle la Fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab). Sur Twitter, elle partage des photos d'agriculteurs posant nus dans leur exploitation, le sexe dissimulé par des pancartes.

Dans la future PAC, le ministère entérine la disparition d'aides spécifiques à l'agriculture bio, pour les agriculteurs déjà convertis à ce mode de production, le ministère jugeant que le marché est déjà suffisamment rémunérateur. Seules les conversions vers le bio seront subventionnées, pour 340 millions d'euros par an.

Un verdissement pas assez ambitieux

"La communication sur une enveloppe augmentée pour les paysans conventionnels qui veulent se convertir à la bio n'est que poudre aux yeux, ce budget est fictif et ne sera jamais dépensé, personne n'ira se convertir sans soutien durable", affirme Loïc Madeline, secrétaire national de la Fnab chargé de la PAC, dans un communiqué. L'organisation appelle à une mobilisation le 2 juin à Paris. 

L'une des principales nouveautés de la prochaine PAC (période 2023-2027) est un "écorégime" qui conditionne le versement de plus ou moins un quart des aides directes (soit 1,6 milliard d'euros par an) à des pratiques vertueuses sur le plan environnemental.

Le ministre défend un système "inclusif", qui laisse peu d'agriculteurs sur le bord de la route : cela subventionnera ceux qui maintiennent des prairies permanentes, plantent des haies, préservent des zones humides...

Dans le nouveau système, les agriculteurs biologiques bénéficieront d'aides plus élevées, mais au même titre que ceux certifiés Haute valeur environnementale (HVE), une norme française associée par ses détracteurs à un label de "greenwashing".

Créée par le ministère de l'Agriculture, la HVE encourage et reconnaît les efforts des exploitations agricoles pour augmenter la biodiversité, gérer l'eau mais n'interdit pas l'utilisation de pesticides et engrais de synthèse.

Dans une note publiée en mars, l'institut de recherche Iddri, qui travaille sur le développement durable, estime "qu'en l'état actuel de son cahier des charges, cette certification ne peut prétendre accompagner une réelle démarche de transition agroécologique".

Les petits exploitants oubliés ?

"Un dispositif HVE défaillant affaiblit l'ensemble du dispositif d'écorégime, en ouvrant une brèche dans les exigences environnementales pour accéder aux aides publiques", ajoutaient les chercheurs. Ils jugeaient "important de soutenir spécifiquement les certifications ayant une réelle valeur ajoutée environnementale démontrée, et notamment l'agriculture biologique et l'élevage extensif".

Les syndicats agricoles Confédération paysanne et Modef, respectivement troisième et quatrième organisations de la profession, plaidaient pour l'instauration d'une aide aux petits agriculteurs et une revalorisation du paiement sur les premiers hectares pour soutenir les petites et moyennes exploitations. Ils n'ont pas été entendus.

"Le ministre dit faire le choix de la stabilité, c'est donc qu'il assume de figer les inégalités", tance la Confédération paysanne.

"Les neuf milliards d'euros annuels de la PAC doivent servir à créer de l'emploi paysan et non à le détruire comme c'est le cas depuis trente ans", déplore encore le syndicat, qui prévoit de se mobiliser jeudi à une adresse qui n'a pas été dévoilée.

Avec AFP

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