L'ONU a alerté dans un rapport annuel sur les émissions du CO2 engendrées par le secteur.
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Environnement

Pollution : les industries du ciment et du béton s'attaquent à leurs émissions de CO2

Les industries françaises du ciment et du béton, qui émettent plus de carbone que l'aérien, se sont fixé des objectifs officiels de réduction de leurs émissions de carbone, censés permettre au pays de tenir ses engagements de neutralité carbone en 2050, tout en demandant plus de soutien public.

Pour tenter de juguler le dérèglement du climat, tous les secteurs de l'économie doivent faire leur révolution, des transports à l'agriculture en passant par les multiples industries qui génèrent du carbone dans leurs usines.

Or la production de ciment, ingrédient crucial du béton, est un processus particulièrement polluant, doublement émetteur de CO2. D'une part, elle recourt à des énergies fossiles pour faire fonctionner ses fourneaux. D'autre part, le chauffage du calcaire et de l'argile à très haute température pour créer le "clinker", liant de base du ciment, libère lui-même du CO2 par réaction chimique.

"Les producteurs de ciment veulent baisser leurs émissions de 24% d'ici 2030 par rapport à 2015", a indiqué à l'AFP François Petry, président du Syndicat français de l'industrie cimentière (SFIC), et directeur-général de Lafarge Holcim, premier groupe cimentier.

Vers une réduction des émissions de 80 % d’ici 2050

D'ici 2050, la feuille de route des cimentiers publiée la semaine dernière avec le ministère de la Transition écologique prévoit une réduction totale de 80% des émissions du secteur par rapport à 2015.

Dans le monde, elle représente 3% des émissions de carbone (contre 2,2% pour la chimie, 7,2% pour la sidérurgie et 11,9% pour le transport routier), selon la base Climate Watch du World Resources Institute. En France, le ciment génère 23% des émissions du secteur industriel.

"Ce qu'il est important de voir c'est que notre secteur n'avait pas jusqu'à présent initié de baisses de carbone à la tonne" a admis M. Petry mercredi, reconnaissant les critiques faites à la filière. "Mais maintenant, c'est parti, et cela va s'accélérer avec des réductions extrêmement marquées," a-t-il affirmé.

En 2050, une tonne de ciment produite ne devrait plus générer que 133 kilogrammes de CO2 contre 660 kg en 2015, et 503 prévus en 2030, a-t-il souligné.

Les gains seront obtenus notamment par une amélioration de l'efficacité énergétique des usines, par des changements des méthodes de fabrication et de la composition du ciment.

Le charbon combustible va être de plus en plus remplacé par des déchets à valeur énergétique (huiles, pneus, farines animales, peintures, biomasse comme du bois en fin de vie ou produits de démolition) : le taux de substitution actuel de 40%, devra monter "à 80% en 2030 et 85% en 2050", a indiqué M. Petry.

Plus de béton recyclé 

L'industrie parie aussi sur une baisse du taux de clinker dans le ciment, et donc du carbone émis. "Nous devrions passer de 78% de clinker à 71% en 2030 et 66% en 2050" tout en garantissant la solidité des ouvrages, note le responsable. Notamment en augmentant les ajouts minéraux comme la pouzzolane ou l'argile calciné, ou les produits secondaires industriels comme le "laitier", résidu de la sidérurgie, procédé que les cimentiers avaient plutôt freiné depuis une vingtaine d'années.

Deux cimenteries, à Airvault dans le Poitou, et à Martres-Tolosane près de Toulouse, ont déjà engagé des investissements supérieurs à 100 millions d'euros chacune pour réduire leurs émissions.

Dans le béton, la décarbonation passera essentiellement par de meilleurs taux de recyclage et réemploi dans la construction neuve.

En moyenne, 75% des bétons de démolition sont recyclés en France, mais surtout dans des remblais d'infrastructures routières.

Pour la construction neuve, "il faut que la norme évolue pour qu'on augmente" le seuil actuel de 5% de béton recyclé, a dit M. Petry.

Eiffage expérimente des bétons comportant jusqu'à 100% de granulats recyclés, des bétons qui seront "coulés l'an prochain" selon Valérie David, directrice du developpement durable du groupe de construction.

Sur son plus gros chantier en France, l'éco-quartier La Vallée à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), Eiffage prévoit de récupérer 100% du béton issu de la démolition de l'école Centrale.

Fustigeant le soutien exclusif des pouvoirs publics accordé selon eux à la filière bois, les industriels de la construction espèrent recevoir un soutien public pour financer leur virage.

"La commande publique a les moyens de tirer vers le haut," fait valoir Mme David, en évoquant "deux appels d'offres récents" exigeants en matière d'impact carbone et d'économie circulaire: le plan lumière de la ville de Paris et la construction des villages olympique et des médias des JO 2024.

Avec AFP

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