Le cimentier Lafarge est accusé de déverser les eaux usées de l'une de ses usines parisiennes dans la Seine.
©Guillaume Louyot Onickz Artworks/Shutterstock
Entreprises

Soupçon de pollution dans la Seine: vers une nouvelle affaire Lafarge

Selon les informations d’Europe 1 diffusées le mardi 1er septembre, l’entreprise de travaux publics Lafarge-Holcim déverserait volontairement les eaux usées de l’une de ses usines parisiennes directement dans la Seine. Associations, médias, politique et justice s’en mêlent : chronologie de la polémique.

Le célèbre cimentier est à nouveau éclaboussé d’un scandale. Selon les informations d’Europe 1 révélées le 1er septembre, Lafarge déverserait volontairement ses eaux usées dans la Seine. L’entreprise dément et la justice s’en saisit.

De quoi est accusé Lafarge ?

L’usine concernée par ces soupçons de pollution est située dans le 12ème arrondissement parisien dans le quartier de Bercy, non loin du ministère de l'Économie et aux abords des quais de Seine.

Et bien que le cimentier plaide un incident involontaire, les images diffusées par la radio sont accablantes. Sur celles-ci, on constate qu’un camion toupie griffé Lafarge déverse un liquide trouble qui s'écoule directement dans le fleuve. "Dedans, des particules de ciment, des liquides de traitement et des microfibres de plastique", précise la journaliste Margaux Baralon dans un post Twitter.

À l’origine de ces images et des dites accusations, la Fédération interdépartementale pour la pêche et la protection du milieu aquatique, qui a découvert un trou dans la cuve de rétention des eaux usées de l’usine. Au micro d’Europe 1, Jacques Lemoine, agent de développement au sein de la Fédération précise : "Clairement, c'est volontaire. Dans ces cuves, ce sont toutes les eaux et les restes de béton fabriqué dans la journée qui reviennent dans les camions en fin de journée. Ensuite, la société est censée traiter ses déchets" (une obligation légale, ndlr). Pour l'association, l'entreprise n'en est pas à son coup d'essai et cela durerait depuis plusieurs années, en témoigne une couche de ciment séché sur les quais de Seine au même endroit. 

La justice saisie

Après les signalements de la Fédération le 27 août dernier, la justice s'est d'ores et déjà saisie de l'affaire. Contacté par l'AFP, le parquet de Paris a confirmé avoir confié une enquête judiciaire à l'Office français de la biodiversité ainsi qu'à la brigade fluviale pour "déversement de substances nuisibles par personne morale", "jet ou abandon par personne morale de substances nuisibles" et "utilisation de produits phytosanitaires sans respecter les conditions d'utilisation". 

Après les révélations d'Europe 1, la mairie de Paris a quant à elle aussitôt annoncé qu'elle porterait plainte. Le premier adjoint Emmanuel Grégoire a déclaré sur son compte Twitter : "Je découvre avec stupeur cette pollution lente qui empoisonne notre fleuve. Des explications s'imposent de la part du gestionnaire du site et une plainte sera déposée".

De son côté, Anne Hidalgo a dénoncé "un véritable scandale écologique", faisant également savoir qu'elle saisirait "le procureur de la République pour ces faits graves qui portent atteinte à notre environnement". 

Lafarge, "victime" de malveillance ?

Dans un communiqué, l'entreprise dans la tourmente s'est dite "victime" et a démenti le caractère volontaire du geste. Elle affirme que cette affaire est le fait d'un "accident exceptionnel provoqué par un acte malveillant".

Dans les colonnes du Figaro, Lafarge a également annoncé avoir déposé plainte. "L'écoulement concerne des eaux en dernière étape de recyclage. Dès que nous en avons eu connaissance, l'écoulement a été stoppé par des travaux de réparation immédiats". Le cimentier s'est enfin défendu en expliquant le processus de traitement de ses eaux usées sur le site de Bercy : "(...) Réalisé en circuit fermé, n'occasionnant aucun rejet dans la Seine. Il fonctionne par décantation successive dans des bassins situés entre le point de déversement des camions et la fuite décelée lors de l'incident".

L'an passé, un autre groupe du secteur avait baigné dans une affaire similaire. À Nanterre, c'est un site Vinci qui avait été accusé de déverser du béton dans le même fleuve, avant d'être condamné à une amende de 90 000 euros, dont 40 000 euros avec sursis.

Mise à jour :

Le 2 septembre au matin, de nouvelles révélations d'Europe 1 accablent encore un peu plus le groupe Lafarge, mettant à mal leur stratégie de défense. Selon la radio, un autre site parisien de l'entreprise aurait également déversé du béton dans la Seine et ce "depuis plusieurs années". Au pied du Pont Mirabeau qui relie les 15ème et 16ème arrondissements de la capitale, une association de riverains affirme avoir constaté les faits à plusieurs reprises, photos à l'appui. Ces clichés accablants auraient été envoyés à la mairie de Paris : interrogé par Europe 1, Emmanuel Grégoire précise les avoir transmis à la justice. "Il ne s'agit pas de dire que le groupe Lafarge a fait exprès. Ça, ce sera à l'enquête de le dire (...) Simplement, nous avons quelques doutes sur l'explication qui est donnée d'actes malveillants", a avancé le premier adjoint au maire. 

En partenariat avec BFM Business : revoir la chronique ici

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