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Education/Citoyenneté

#GénérationEngagée : ces ados qui veulent changer le monde

La lutte contre le dérèglement climatique est aujourd'hui le combat de toute une génération. Les marches pour le climat se multiplient et de plus en plus de jeunes s'engagent au nom de l'écologie. Focus sur trois ados qui agissent et créent pour changer le monde.

Greta Thunberg, qui s’est exprimée le 23 juillet à l’Assemblée nationale, est loin d’être la première adolescente à alerter sur le changement climatique. Dès 1992, Severn Cullis-Suzuki livre un discours marquant aux Nations Unies, à l’occasion du Sommet de la terre à Rio de Janeiro, ancêtre des COP. Alors âgée de 12 ans, elle représente l’Environmental Children’s Organisation (ECO), un groupe d’une dizaine d’adolescents canadiens ayant réuni eux-mêmes des fonds pour se rendre au sommet et porter la voix de la jeunesse sur la thématique environnementale. Ils n’étaient pas censés s’exprimer, mais la parole est inopinément donnée à Severn, qui se lancera alors dans un plaidoyer qui marquera les esprits.

Plus de 25 ans après qu’ils aient été prononcés, ces mots résonnent encore. Si la relève de Severn est largement assurée par Greta Thunberg qui parcourt le monde pour porter cette parole, d’autres jeunes tout aussi engagés agissent… Sur le terrain. 

Au Pérou : José Adolfo Quisocala Condori, le plus jeune banquier solidaire du monde

José Adolfo Quisocala Condori est précoce pour son âge. En 2012, alors qu’il vient d’avoir sept ans, il se rend compte que ses camarades de classe utilisent leur argent de poche pour acheter des jouets qu’ils finissent par jeter, ce qui pollue la planète.

Il cherche une solution pour inciter les enfants à protéger l’environnement tout en luttant contre la pauvreté. Avec l’aide de son père, professeur d’économie, il conçoit une banque solidaire basée sur le recyclage. L’idée : donner aux enfants de l’argent, de la nourriture ou des fournitures scolaires en échange de déchets recyclables.

José Adolfo Quisocala Condori lors du Congrès Sud-Américain d'Éducation à l'Environnement en 2014.
© Ministère de l'Environnement péruvien

Chaque enfant qui ouvre un compte doit ainsi collecter 5 kg de déchets à l’ouverture du compte, puis au moins 1 kg par mois. Ces déchets sont ensuite revendus à des entreprises spécialisées dans le recyclage, et les recettes sont reversées sur les comptes des enfants de 10 à 18 ans. Cela permet aussi aux enfants les plus défavorisés de générer des revenus pour survivre et même aller à l’école.

La banque recycle, aujourd’hui, environ quatre tonnes de déchets par mois et dispose de kiosques physiques dans sept écoles d’Arequipa, au sud du Pérou, grâce à ses 2000 jeunes clients. Avec son invention, José a remporté le Prix international Unicef ​​pour le financement en 2014 et le Prix du climat pour les enfants en 2018.

À 17 ans, Boyan Slat nettoie les océans

Plus connu, le jeune Néerlandais Boyan Slat se bat pour débarrasser les océans de leurs déchets. À tout juste 17 ans, il conçoit une machine capable de les nettoyer. Son projet baptisé Ocean Cleanup est brillant par sa simplicité : construire une barrière flottante qui retient les déchets en utilisant la force des courants marins. Il s’est vu attribué pour son invention le titre de "Champion de la Terre" de la part de l’ONU en 2014, faisant de lui le plus jeune à recevoir cette distinction.

Boyan Slat est le plus jeune a avoir reçu le prix de "Champion de la terre" de l'ONU.
© Wikipedia / Creative Commons

Sa barrière est constituée de tubes flottants flexibles mais résistants aux intempéries, auxquels sont attachés des filets de nylon lestés de poids, qui ne touchent pas le fond de la mer et n’emprisonnent pas les poissons. Elle dérive ensuite au gré des courants et amasse les déchets en prenant une forme de U, grâce à des poids plus lourds aux extrémités des tubes.

Pour attraper le plastique, il suffit en fait de se conduire comme lui. Pourquoi lui courir après quand il suffit de le laisser venir à nous ?" confie le jeune homme à Usbek et Rica.

Aujourd’hui âgé de 24 ans, il a réussi à lever près de 40 millions de dollars pour tester son premier filet, après trois ans d’expérimentation. L’objectif final : s’attaquer au plus grand vortex de déchets maritimes du monde, dans le Pacifique. Sa surface équivaut à trois fois la taille de la France, et il est constitué de 79 000 tonnes de déchets. Boyan Slat affirme que sa technologie sera, à terme, capable de ramener sur terre près de cinq tonnes de déchets par mois avec une seule barrière flottante.

Le prototype des barrages "Ocean Cleanup", bientôt mis en place pour dépolluer le Pacifique nord.
©TheOceanCleanup/Youtube

Inconvénient : elle ne peut récolter que les déchets de plus d’un centimètre de diamètre, et ne peut donc rien contre les microplastiques, même si l’ingénieur espère développer des outils pour lutter contre cette pollution. De plus, il y a un risque que le dispositif attire des animaux marins, même si les équipes d’Ocean Cleanup comptent utiliser des signaux lumineux et sonores pour les faire fuir.

Les matériaux en plastique recyclé d’Edgar Tarimo

À l’image de Boylan Slat, Edgar Tarimo s’est lancé dans la lutte contre la pollution plastique. Dans sa ville d’Arusha, il est difficile de circuler sans tomber sur des monticules de déchets plastiques. À 15 ans, le jeune Tanzanien décide alors de faire du recyclage son cheval de bataille.

Edgar Tarimo a créé une machine qui permet de transformer les déchets plastiques en matériaux de construction.
© Children Climat Prize

Trois ans plus tard, il crée une machine qui permet de transformer les déchets plastiques en pavés et en tuiles. Afin d’exploiter son invention, il monte sa propre entreprise : Green Ventures Recyles. Au départ, la transformation engendrait du gaz toxique à cause de la fusion du plastique, mais Edgar Tarimo a inventé un filtre pour piéger ces substances, des polluants organiques persistants (POP) qui augmentent notamment les risques de pathologies cancéreuses, et rendre le processus plus écologique. Il a reçu en 2017 le Prix du climat pour les enfants de l’ONU.

Son entreprise a déjà recyclé 1,2 millions de sacs plastiques, soit environ 20 tonnes de plastique, et emploie 5 personnes à plein temps. La collecte des déchets permet aussi à une centaine de personnes de gagner assez d’argent pour survivre. En plus de son action de recyclage, Edgar Tarimo sensibilise aussi les enfants d’Arusha à la protection de l’environnement. 4000 jeunes ont déjà reçu une formation en ce sens.

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