Le transport aérien français est "fermement opposé" à une nouvelle taxe favorisant les moyens de transport les moins polluants
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Environnement

Ce que vous pensez de la suppression des vols intérieurs en France

Comme nous vous en informions la semaine dernière, le député de la France Insoumise François Ruffin a déposé un amendement à la Loi d’orientation des mobilités, dont l’examen s’est ouvert à l’Assemblée lundi, pour supprimer 72 vols intérieurs français. Voilà ce que vous en avez pensé.

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Pollution : êtes-vous pour la suppression de certains vols intérieurs en France ?

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La plupart d’entre vous (58 %) a salué cette proposition, estimant qu’il était préférable de réaliser ces trajets en train, en particulier le vol Paris-Marseille :

Pour, avec les TGV moins polluants et rapides, ces vols n’ont plus lieu d’être."

Train Marseille-Paris : 3h20. En avion : enregistrement-embarquement-vol pour la même durée.... Autant prendre un train. "

Des vols comme Paris-Marseille ne devraient plus exister.

Ce trajet émet en effet 50 fois plus de CO2 en avion qu’en train. Un rapport de Réseau Action Climat indique d’ailleurs que le transport aérien émet 14 à 40 fois plus de CO2 que le train par kilomètre parcouru et personne transportée. Pourtant, le degré de fréquentation de ces vols a augmenté de 4 % en 2018. Selon vous, cela est aussi lié au prix des billets…

Le prix en avion est parfois moins cher que le train !"

Ce paradoxe est notamment lié au fait que le kérosène n’est pas soumis à la taxation. En effet, ce carburant est exonéré de taxes depuis la Convention de Chicago, signée en 1944 par 191 états. Revenir sur cette décision supposerait un accord multilatéral des 191 pays signataires… assez improbable en l’état actuel des choses.

4 % d’entre-vous souhaiteraient voir ce carburant aérien taxé, et cela n’est pas impossible ! Certains pays ont pris la décision de le taxer au niveau national, comme les États-Unis, le Brésil, le Japon, la Norvège, la Suisse ou encore les Pays-Bas. Une législation que le gouvernement français n’entend pas adopter, de peur que mettre en danger la compétitivité d’Air France face aux compagnies low-cost étrangères. De plus, les différentes taxations appliquées sur les billets d’avions représentent un tiers de leur prix, indiquait le journaliste François Lenglet sur RTL. Le ministre de l’Action et des Comptes Publics a toutefois indiqué être favorable à une taxation du kérosène et du fioul sur le transport aérien et maritime, à condition que cela s’applique au niveau européen.

D’autre part, vous nous avez souvent indiqué être favorables à la suppression de ces vols intérieurs, à condition que les prix des billets de trains baissent (35 %) :

Cette suppression de vols intérieurs n’est intéressante pour les usagers que si les prix des trains sont régulés et plafonnés."

Pour ! Mais baissez les prix du train svp."

Complètement pour. À condition de réguler le prix des trains."

Si le prix moyen d’un billet de TGV est en baisse depuis six ans, nombreux sont les usagers à trouver les tarifs de la SNCF prohibitifs. En cause, le système du Yield management, qui consiste à moduler ses tarifs pour faire payer les clients le plus cher possible sans les faire fuir. Si la plupart des compagnies de transports de passagers (aériennes, ferroviaires et maritimes) l’utilisent, la SNCF base tout sur un seul indicateur : plus le départ approche, plus le prix monte, que le train soit rempli ou non. Si ce système était efficace en situation de monopole, il ne semble plus fonctionner à l’heure du covoiturage et des trajets low-cost, en avion ou en bus.

3 % d’entre vous ne souhaitent pas voir ces vols intérieurs disparaître, souvent en raison de la limitation de la liberté individuelle que cela induit :

On n'est pas encore en dictature... ?"

Je suis absolument contre. Ceux qui font de la décroissance la seule traduction possible d’une politique soucieuse de l’environnement basculent dans un fantasme qui ne sert personne et a toutes les allures d’une utopie régressive."

Et la liberté aussi de chacun on en fait quoi ? Qu'il aille réformer le Vénézuela."

Cela rejoint l’opposition de valeurs évoquée dans un débat vidéo du Figaro Live, qui veut que les citoyens soient aujourd’hui plus tournés vers la protection de l’environnement, mais trouvent parfois en même temps inacceptable la limitation de la liberté individuelle, base de nos sociétés libérales. L’un d’entre vous indique d’ailleurs son regret d’un manque de conscience collective :

Je préfèrerais que cela vienne des gens qui prennent conscience que pour ces trajets-là, le train c'est le top."

Pour rappel, la suppression proposée par François Ruffin s’appliquerait seulement aux vols "substituables par un trajet en train, sans correspondance, lorsque l’avion ne fait pas gagner beaucoup de temps, ce que nous quantifions à la durée du vol plus 2h30", comme l’indique le député. Cela concerne au total 72 vols, dont seulement six qui comptent plus de 200 000 passagers par an selon Le Monde.

Toutefois, la proposition de la députée écologiste Delphine Batho est plus radicale : supprimer tous les vols qui sont substituables par des trajets ferroviaires de moins de 5h. "Si on interdit tous les vols là où il y a un train qui met moins de cinq heures, cela veut dire qu’on ne peut plus utiliser l’avion en France", a réagi le ministre de l’écologie François de Rugy lundi 3 juin sur BFMTV. Faux, répond Le Monde, qui estime que "108 des 149 liaisons aériennes principales que nous avons étudiées resteraient possibles dans la formule défendue par Delphine Batho, soit près des trois quarts."

La question du personnel aérien a également été soulevée par un des répondants :

À voir aussi si les employés des aéroports seront bien traités, soit avec une belle prime de départ, soit avec un nouvel emploi…"

C’est une inquiétude qui revient souvent chez les détracteurs de la proposition. En cause, une limitation du trafic de correspondance, qui permet aux personnes habitant en province de se rendre dans les aéroports parisiens pour prendre des vols long-courriers à destination de l’étranger, et pèserait sur Air France tout en favorisant les compagnies low-cost étrangères. "On risque de menacer Air France. Et pendant ce temps-là, les compagnies du Golfe notamment, qui bénéficient d’avantages de soft diplomatie, viennent se servir sur notre marché domestique et privent Air France d’une clientèle dont elle a besoin", s’alarme l’économiste Pascal Perri sur Europe 1.

Autre menace pour l’emploi : le siège de Michelin, situé à Clermont-Ferrand. Seule entreprise du CAC40 à avoir son siège en province, sa liaison aérienne avec Paris disparaîtrait si l’amendement était adopté. Or, elle est très souvent adoptée par les cadres et dirigeants de l’entreprise pour se rendre à Paris et à l’étranger rapidement. Selon La Tribune, la fin du vol Clermont-Paris sans amélioration de la ligne de train peu performante entre les deux villes pourrait inciter au déplacement du siège dans la capitale, avec un impact très négatif sur l’économie clermontoise.

Commentaires
Par Patrice RENARD - le 18/05/2020

Sous couvert de geste écologique, le gouvernement va imposer à Air France d'abandonner des lignes intérieures rentables.
Mais qu'en est-il des compagnies Low-costs qui vont voir ces créneaux se libérer ?
Il n'y aura aucun gain écologique !!

Et notamment qu'en est-il de Transavia, filiale low-cost de KLM, donc d'Air France- KLM ?
Le gouvernement est en train de préparer une dégradation des conditions sociales et financières des salarié-e-s, en faisant basculer l'emploi d'Air France à Transavia au sein du même groupe !

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