Didier Guillaume, Ministre de l'agriculture durant l'Assemblée Générale des Producteurs de Blé à Compiègne dans l'Oise, Février 2019
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politique

Aux Antilles, Didier Guillaume vise le "zéro chlordécone" dans l'alimentation

Didier Guillaume, le ministre de l'Agriculture, a affirmé jeudi sa volonté de "viser le zéro chlordécone" dans l'alimentation en Martinique et en Guadeloupe, et de renforcer la cartographie des sols pollués par cet insecticide dangereux utilisé de 1972 à 1993 aux Antilles.

Interrogé par la commission d'enquête parlementaire sur le chlordécone, le ministre a souligné que "les autorisations provisoires de vente et les homologations étaient bien moins encadrées à l'époque qu'actuellement, le principe de précaution des cultures guidait bien plus les décisions que celui de protection de la santé publique et de l'environnement".

"Les travaux de votre commission d'enquête vont permettre de mieux comprendre comment ce produit a pu être autorisé pendant des années aux Antilles alors même que sa toxicité et son pouvoir persistant dans l'environnement étaient connus", a-t-il ajouté. Perturbateur endocrinien, ce pesticide utilisé pour lutter contre un charançon du bananier est suspecté d'être à l'origine de cancers de la prostate, très nombreux aux Antilles. Selon Santé Publique France, 95 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais sont contaminés.

Il a rappelé que son ministère avait finalement retrouvé "la majorité" des archives qui avaient été portée disparues depuis 2005. "Grâce à vous nous avons établi les vérités avec des pièces", a répondu le président de la commission d'enquête, le député Serge Letchimy. "Nous avons pu établir des preuves de la chronologie précise" des autorisations de mise en service des pesticides. "Face à ces pollutions environnementales, le gouvernement se doit d'assurer une protection maximale des Martiniquais et Guadeloupéens", a indiqué Didier Guillaume. "Cela passe par un plan ambitieux visant le zéro chlordécone dans l'alimentation aux Antilles". "Est-ce qu'on l'atteindra demain ? Non. Mais nous devons tout faire pour aller dans cette direction", a-t-il insisté.

Pour cela "l'établissement d'une cartographie des sols est indispensable", a reconnu le ministre. En Martinique, 15.844 hectares ont été analysés et cartographiés sur 36 500 au total. En Guadeloupe, 3470 hectares sur les 52 000. "Je pense qu'il faudrait conditionner la mise sur le marché des produits sensibles à l'analyse de sols. Mais le problème c'est le petit agriculteur, évidemment il ne peut pas être celui qui va payer", a affirmé le ministre. Enfin il a jugé "légitime" le "besoin de réparation" : "Nous attendons votre rapport. Ensuite il y aura des arbitrages".

La commission d'enquête, qui doit rendre son rapport avant le 4 décembre, a déjà auditionné les ministres de la Santé, des Outre-mer et de la Recherche.

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Avec AFP.