Zone euro: des économistes français et allemands veulent "réconcilier" discipline et solidarité

Un groupe d'économistes franco-allemands a proposé mercredi de réformer la zone euro en "réconciliant" solidarité et discipline, par exemple en créant un fonds d'aide aux pays en crise, tout en remplaçant la règle des 3% de déficit.

"Nous tirons les leçons de la crise en zone euro, en disant qu'il y a eu un manque de solidarité, mais aussi un manque de responsabilité avant la crise, pendant les années 2000", a expliqué à l'AFP Philippe Martin, professeur à Sciences Po Paris, l'un des auteurs du rapport intitulé "Réconcilier solidarité et discipline de marché dans la zone euro".

"Au terme de près d'une décennie de stagnation, la zone euro goûte enfin au bonheur d'une reprise robuste", rappellent les signataires qui craignent que les Etats "ne baissent la garde".

"Ce serait une grave erreur, car la monnaie unique reste vulnérable", ont prévenu les économistes, parmi eux les Français Agnès Bénassy-Quéré (Ecole d'économie de Paris) et Jean-Pisani-Ferry (institut Bruegel), qui avait conseillé le président Emmanuel Macron pendant sa campagne, ainsi que les Allemands Henrik Enderlein (institut Jacques Delors), Marcel Fratzscher, de l'institut DIW (centre-gauche) et Clemens Fuest, de l'Ifo (libéral).

"Il faut plus de solidarité et donc un certain nombre de mesures à prendre, en particulier un fonds qui aide les Etats entrés en crise", qui serait alimenté par "des contributions nationales", a estimé M. Marin. La participation des Etats serait toutefois conditionnée au respect de règles budgétaires pendant une période donnée.

Les économistes remettent aussi en cause la sacro-sainte règle du 3% de déficit du Pacte de stabilité. "Nous proposons des règles plus simples qui soient à la fois plus contra-cycliques, c'est-à-dire qui stabilisent l'économie, mais en même temps qui amènent à une diminution de la dette publique", a détaillé M. Martin.

"Les gouvernements s'engageraient sur une réduction de la dette à 5 ans", a expliqué l'économiste. "Chaque année, une institution indépendante nationale vérifiera que la croissance des dépenses publiques est cohérente avec cet objectif. Si ce n'est pas le cas, il y aura une pénalité de marché", les Etats devant alors s'endetter à des taux plus élevés, a-t-il prévenu.

Alors qu'Emmanuel Macron s'est fait le champion d'une réforme de la zone euro, les conservateurs d'Angela Merkel et les sociaux-démocrates allemands viennent de conclure un accord gouvernemental prévoyant de travailler en "étroite collaboration avec la France" pour "renforcer durablement" l'union monétaire. Mais sans entrer dans les détails.

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