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My Human Kit, le numérique au service du handicap

Aider les personnes à « accepter leur handicap et le transformer en atout », c’est la raison d’être de My Human Kit. Derrière cette association innovante, l’histoire de Nicolas Huchet qui a perdu sa main, lors d’un accident du travail. Son projet a démarré par la fabrication numérique de la première main bionique à moindre coût. Aujourd’hui, il met son handicap au profit des autres.

« J’étais mécanicien industriel dans la métallurgie. A 18 ans, après un accident, j’ai été amputé de l’avant-bras. J’ai vécu dix ans avec le modèle de prothèse remboursé par la Sécurité sociale : une pince recouverte d’un gant ressemblant à une main, qui permet un seul mouvement d’ouverture et de fermeture. Les prix des modèles plus élaborés sont inabordables pour la plupart des gens », déplore Nicolas Huchet. En effet, leur coût varie de 20 000 € à 70 000 € et certaines prothèses ultra-sophistiquées peuvent monter jusqu’à plusieurs millions de dollars.

Mettre son handicap à profit

A Rennes, le jeune homme retrouve « une vie normale » comme dessinateur industriel, puis technicien du son. Les années passant, il commence à s’intéresser à la recherche industrielle et scientifique menée sur les prothèses bioniques. « J’avais envie de participer à un programme de recherches. Je voulais mettre mon handicap à profit, donner du sens à tout ça, partager. Mais je n’ai pas trouvé le répondant imaginé en face ». En 2012, sa route croise celle des membres du premier fablab de Rennes, qui lui proposent de l’aider dans son projet.

Premier robot humanoïde

« On a trouvé, sur Internet, des plans de mains de robots proches de ceux des laboratoires que j’essayais de contacter, sauf que ces modèles étaient Open Source [en libre accès et à usage non commercial - ndlr] ». Ils s’inspirent alors du designer Gaël Langevin, père du premier robot humanoïde imprimé en 3D : InMoov. En réalisant Bionicohand, l’équipe de Nicolas prouve qu’il est possible de fabriquer une main bionique à moins de 1000 €. Pour permettre à chacun de la reproduire et de la réparer facilement, les tutoriels sont accessibles en ligne. Ils peuvent désormais servir partout dans le monde, sachant que la majorité des personnes amputées vit dans des pays sous-développés, selon Handicap International.

Transformer ses limitations en motivation

Le Rennais, devenu symbole des makers, est invité à présenter son projet dans des salons, des rencontres et des conférences aux quatre coins du globe. Mais Nicolas veut aller plus loin. En 2014, il fédère une équipe autour de l’association My Human Kit, qui a pour objectif d’œuvrer à « l’handicapowerment », qui consiste à « transformer ses limitations en motivation ». L’année suivante, l’association est lauréate du Google Impact Challenge. La dotation de 200 000 € lui permet d’ouvrir « le premier fablab dédié à la collaboration entre valides et handicapés ». Le Humanlab accueille les personnes en situation de handicap pour leur faire découvrir la fabrication numérique.

Apprendre à se réparer

« Cela peut passer par des petites choses pour améliorer le quotidien. La dernière fois, une dame non voyante est repartie avec son guide-chèque [support pour aider à remplir les chèques - ndlr]. Pourquoi pas devenir chef de son propre projet. C’est l’occasion de sortir de son isolement, de reprendre confiance. Cela peut aller jusqu’à déclencher une réorientation professionnelle ». Le jeudi, l’accès est ouvert à tous gratuitement. Le reste de la semaine, l’équipe travaille sur les prototypes : une application smartphone à commande vocale pour non voyant, une prothèse de jambe customisée en 3D (Print My Leg), un fauteuil roulant équipé d'une trottinette électrique (e-trotti) ou encore, le Braille Rap qui permet de détourner une imprimante 3D pour écrire en langage braille. Tous les projets sont documentés en ligne pour pouvoir être reproduits.

Au fil du temps, l’association a développé un réseau international et ses prochaines actualités se dérouleront en Inde. « On va inaugurer le deuxième Humanlab à New Delhi, mais on a encore besoin de sponsors. On organise aussi notre deuxième Fabrikarium à Bombay ». Le Fabrikarium ? « C’est un grand atelier de co-construction dans le but de fabriquer des aides techniques au handicap, qui regroupe des personnes handicapées, des ingénieurs, des étudiants, des makers… ». Airbus avait accueilli le premier Fabrikarium, à Toulouse. Initialement soutenue par la fondation Google.org, la Fondation de France et la Région Bretagne, l’association est aujourd’hui accompagnée par l'Agefiph et GMF Solidarité. Pour poursuivre son essaimage, My Human Kit recherche de nouveaux financeurs.

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