©Petit Bambou
Santé

Un maître zen dans mon Smartphone

Les applis pour méditer connaissent un franc succès, signe d'un besoin de se recentrer sans pour autant déconnecter.

Avec plus de 500 000 exemplaires vendus de ses ouvrages Méditer jour après jour et Trois minutes à méditer (éd.L'Iconoclaste), Christophe André est devenu « le psy préféré des Français ». Son succès, il le doit à ses méthodes douces d'apprentissage de la méditation : depuis les leçons de vie quelque peu austères des moines bouddhistes, la « zen attitude » a changé de look et est devenue tendance. Et c'est sur nos Smartphones que la méditation s'invite désormais : les applis Méditations avec Christophe André ou Namatata cartonnent, tout comme le français Petit Bambou, qui a dépassé en septembre la barre du million d'utilisateurs.

Méditation et Smartphone : le grand écart

Un succès qui ne doit rien au hasard. « Il faut aller chercher les gens là où ils sont, donc sur leur Smartphone », explique Benjamin Blasco, co-fondateur de Petit Bambou. Alors que les psys s'accordent à dire que la vogue de la méditation est parallèle à l'explosion du temps passé sur nos écrans, les applis ont réussi le grand écart qui consiste à proposer de se recentrer sur soi... grâce à son Smartphone. « Il y a un vrai paradoxe, reconnaît Benjamin Blasco. Mais la méditation consiste aussi à accepter ce qui est, donc que nous ayons toujours notre téléphone sur nous. »

Pour le docteur François Bourgognon, psychiatre et psychothérapeute au CHU de Nancy, également formateur en méditation de pleine conscience, méditer avec son Smartphone n'a rien de problématique : « C'est une autre utilisation du Smartphone, qui devient plutôt un lecteur audio ou vidéo. Bien sûr, il ne faut pas scroller sa page Facebook pendant qu'on médite ! », sourit le médecin.

Un entraînement plutôt qu'une relaxation

Si elle est désormais accessible à tous et tout le temps grâce à ces applis, la méditation devrait toutefois être prise avec quelques précautions. « On  ne médite pas n'importe comment et à n'importe quel moment, alerte le docteur Bourgognon. Dans le cas de grosses difficultés émotionnelles, il faut se tourner vers des soignants. » Même si les applis sont élaborées avec des personnes qualifiées, « il y a des contre-indications à la pratique individuelle de la méditation, par exemple lorsqu'on est en phase de dépression, note Benjamin Blasco. Nous conseillons vraiment de ne pas la prendre comme un médicament et d'aller voir un spécialiste si on a des soucis particuliers ».

Arrêter de fumer, être plus organisé, devenir une super-maman, être plus productif au travail… Si la méditation peut aider, elle est surtout un « sport » de l'esprit qui permet de cesser de s'éparpiller constamment entre dix pensées différentes. « Toute l'iconographie zen, du type gens assis en lotus sur la plage, induit de fausses idées de relaxation ou d'apaisement, note François Bourgognon. Il ne faut pas oublier que la méditation vise l'entraînement et la stabilisation de l'attention. » Et si votre problème est l'addiction à votre Smartphone, sachez qu'il existe aussi des programmes de « digital detox » sur les applis de méditation. Cocasse ? « Non, il faut être proche de son adversaire pour le combattre », assure Benjamin Blasco.