NDDL: autour de l'aéroport de Nantes, la lutte change de camp

"Je ne vais pas appeler à une rébellion armée, mais il va falloir se faire entendre". L'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes a provoqué la colère des riverains de celui de Nantes-Atlantique, déterminés à empêcher son extension en luttant avec d'autres armes que celles des zadistes.

Les drapeaux sont en berne depuis mercredi sur le parvis de la mairie de Saint-Aignan-de-Grandlieu (Loire-Atlantique). Dans cette commune de 4.000 habitants située en plein axe de la piste de l'actuel aéroport nantais, la décision du gouvernement a été vécue comme une "catastrophe".

"Quand j'ai acheté ici il y a onze ans, cet aéroport devait partir et, finalement, il reste, tout ça parce qu'il y a des zadistes. On nous laisse souffrir parce qu'on est peu nombreux, parce qu'on n'est pas des petites bestioles de l'écologie", dénonce Juliette. Sa maison se retrouverait "au bout de la piste" si cette dernière venait à être allongée.

Déjà fatiguée par "la pollution" et les réveils brutaux "à 6H40 tous les matins à cause de l'avion postal", elle s'attend "au pire" avec l'accroissement annoncé du trafic aérien: "Je ne sais pas si je pourrai rester ici à terme. Mais ça ne sera pas simple de vendre, la valeur de nos maisons va en prendre un coup."

Alors, commme les zadistes l'ont fait pendant des années dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, cette mère de famille est prête à son tour à batailler pour empêcher l'extension de l'aéroport Nantes-Atlantique.

"Ce sera exactement la même chose", assure-t-elle. "Mais nous, on sera bienveillants. Je ne me vois pas tenir une forteresse et faire des barricades avec mes enfants."

- 'Brûler leur carte d'électeur' -

Sous un ciel aussi gris que le moral de ses administrés, Jean-Claude Lemasson, le maire de Saint-Aignan-de-Grandlieu, s'est levé jeudi matin avec la "gueule de bois, sans avoir bu".

"Les gens ne comprennent pas pourquoi le chef de l'État a pris cette décision au regard de l'illégalité de ces personnages (les zadistes, ndlr)", témoigne-t-il. "Donc, ici, les habitants ont envie de faire la même chose, sauf qu'ils n'ont pas du tout la même marque de fabrique, ce n'est pas dans leurs gènes."

Les gendarmes sont tout de même venus "prendre le pouls" de sa commune jeudi, en début d'après-midi, et l'élu ne cache pas craindre "quelques débordements" de la part de personnes plus véhémentes que les autres sur les réseaux sociaux.

"Est-ce qu'elles iront au bout de leur démarche?", s'interroge-t-il. "Je ne sais pas et je ne le souhaite pas. Je suis un pacifiste, je ne vais donc pas appeler à une rébellion armée, mais il va falloir se faire entendre."

Il pourra notamment compter sur le soutien du Coceta (Collectif citoyen engagé pour le transfert de l'aéroport), qui prévoit déjà de "monter au front" sur le terrain juridique.

"On ne s'opposera pas dans un premier temps à l'aménagement des bâtiments de l'aéroport, dans la mesure où cela ne constitue pas directement une nuisance pour nous", explique Marc Barillère, du Coceta.

"Mais l'allongement de la piste, qui touche aux limites des lois littoral et Natura 2000, ne se passera pas dans ce quinquennat", promet-il. "Cela sonnerait la destruction du bourg."

Une crainte partagée, derrière le comptoir du Café du Lac, où pendent fanions de football et écharpes du FC Nantes, par le patron, Christophe Blain: "Notre plan d'occupation des sols est déjà suffisamment compliqué. Il n'y aura plus de nouvelles habitations en cas d'allongement de la piste et la population vieillira inexorablement."

"Beaucoup de gens ici se posent la question de brûler leur carte d'électeur", note-t-il. Lors de la consultation locale de juin 2016, Saint-Aignan-de-Grandlieu s'était prononcé à 71,70% en faveur du transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Poster un commentaire
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.
Déjà membre ? Je me connecte.
Je ne suis pas encore membre, Je crée mon compte.