ND-des-Landes: Philippe boucle sa consultation avant la décision de l'exécutif

Edouard Philippe a bouclé vendredi une semaine d'ultimes consultations avec les élus de l'Ouest sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, avant la très attendue et très sensible décision de l'exécutif d'ici la fin janvier.

Le Premier ministre a reçu dans l'après-midi le Syndicat mixte aéroportuaire du Grand Ouest, qui regroupe les élus des 20 collectivités impliquées dans le projet de transfert de l'aéroport de Nantes dans les bocages de Notre-Dame-des-Landes.

Pro-"NDDL", le groupement présidé par le socialiste Philippe Grosvalet comprend notamment la maire PS de Nantes Johanna Rolland et l'ancien président des Pays de la Loire, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

Tous ont employé leurs arguments pour tenter d'emporter le feu vert définitif de l'exécutif à un projet quinquagénaire qui selon eux "n'a pas d'alternative" et dont l'abandon serait "une non-décision" foulant aux pieds le référendum local de 2016.

"Ce n'est pas sérieux de vouloir faire croire à la France qu'on pourrait réaménager Nantes-Atlantique en deux ans (de procédures, ndlr). Vous croyez que les Nantais, les collectifs, ne se mobiliseraient pas? Ca serait la même chose, ça veut dire qu'on repart pour dix ans", a plaidé la maire PS de Nantes Johanna Rolland.

"Si l'aéroport n'était pas transféré à Notre-Dame-des-Landes, en réalité, il ne se passerait rien dans ce quinquennat, et très certainement rien dans le quinquennat prochain", a-t-elle pointé.

Pour Bruno Retailleau, "il n'y a pas d'alternative à Notre-Dame-des-Landes, la preuve c'est que les médiateurs écrivent que d'ici 20 à 30 ans il vaudrait mieux garder les terrains compte tenu (de l'évolution) du trafic aérien".

"La justice, la décentralisation, et le suffrage universel, je n'imagine même pas qu'un président de la République française puisse nier ces trois fondements de notre République", a pour sa part affirmé M. Grosvalet, président PS du conseil départemental de Loire-Atlantique.

Ni le Premier ministre ni Matignon ne se sont exprimés à l'issue de ce dernier tour de table, mais M. Philippe a réaffirmé que la décision "n'était pas prise", selon les participants.

Depuis vendredi dernier, le Premier ministre a successivement rencontré les grands élus (parlementaires, maires, présidents de conseils départementaux...) de Loire-Atlantique, puis ceux d'Ille-et-Vilaine, du Morbihan, du Maine-et-Loire, et enfin ceux de Mayenne et de Vendée mardi.

- jusqu'à 350 millions d'indemnisation en cas d'abandon -

Pro ou anti, chacun a pu exprimer sa position une dernière fois, dans le contexte nouveau des conclusions du rapport des trois médiateurs nommés par Edouard Philippe.

Ce dernier a conclu que la construction de Notre-Dame-des-Landes et l'agrandissement de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique étaient deux options "raisonnablement envisageables", remettant ainsi en selle la seconde possibilité, longtemps écartée sous le quinquennat Hollande.

L'immense majorité des élus se sont accordés à réclamer une expulsion de la Zad, même si certains, comme le député LREM Matthieu Orphelin, suggèrent de ne pas mener d'"évacuation violente" et de lancer un projet d'"agriculture durable et de biodiversité" qui évoque l'expérience du Larzac.

Si la décision de construire ou non Notre-Dame-des-Landes sera évidemment prise avec Emmanuel Macron, c'est le Premier ministre qui devrait l'annoncer, selon des sources gouvernementales. Le timing exact reste vague d'ici la date butoir du 31 janvier.

Selon Matignon, M. Philippe pourrait d'ailleurs continuer à consulter dans les prochains jours. "Il consultera autant que nécessaire", a-t-on indiqué.

Le gouvernement a par ailleurs qualifié de "fausse information" un article de franceinfo, citant un ministre anonyme, selon lequel l'exécutif envisagerait de dénoncer le contrat passé avec Vinci en raison de clauses trop favorables au groupe de BTP.

"Les commentaires relayés dans la presse sur une éventuelle résiliation et a fortiori une éventuelle indemnisation du concessionnaire ne traduisent aucunement une quelconque position de l'Etat", selon une source gouvernementale.

En cas d'abandon du projet, l'État devrait verser jusqu'à 350 millions d'euros d'indemnités, selon le rapport des médiateurs. Mais les anti-NDDL suggèrent une transaction avec Vinci, également exploitant de Nantes-Atlantique.

map/chr/fm

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