La France, nouvelle destination pour de jeunes pousses anglophones

Malgré son français très balbutiant, Mark Heath, a choisi d'installer sa start up à Paris, une destination autrefois impensable pour nombre d'entrepreneurs étrangers mais qui jouit aujourd'hui d'un regain de faveur.

Comme ce New Yorkais de 35 ans, des Américains, des Britanniques prennent le chemin de la France, sur laquelle ils sont plus optimistes depuis l'élection au printemps dernier du président centriste Emmanuel Macron, alors qu'ils s'inquiètent parfois pour la situation dans leur propre pays.

"Chaque homme a deux pays - le sien et la France", déclare Heath, citant une vieille maxime américaine de nouveau en vogue, selon lui, "avec la façon dont les choses vont géopolitiquement".

Sa société, Talaria, va élire domicile à la Station F, ancien dépôt ferroviaire transformé en incubateur - le plus grand au monde - par l'homme d'affaires Xavier Niel (télécoms, téléphonie, internet, médias).

L'année dernière, il s'est inscrit dans une école de commerce française et il développe actuellement un câble télécoms pour les marchés financiers.

Pour lui, l'évolution rapide du paysage technologique parisien est aujourd'hui l'une des plus passionnantes en Europe.

Et Station F a reçu plus de demandes de start-up américaines ou britanniques que de tout autre pays en 2017, souligne sa directrice Roxanne Varza, elle-même américaine.

"Nous commençons à réaliser que c'est peut-être aussi le climat politique qui fait que ces start-up cherchent de nouveaux horizons", souligne-t-elle.

Les tirades anti-immigration de Donald Trump notamment ont refroidi certaines, dépendant des talents internationaux, estime-t-elle.

- Adieu 'fish and chips' -

Des sociétés britanniques cherchent aussi à prendre pied hors de leur pays alors que le Brexit se profile.

Vaste structure de verre et de béton, le "campus" de 3.000 bureaux de Station F a ouvert ses portes en juin, avec Facebook et Microsoft pour partenaires.

Le président Macron, favorable à une France dynamique qui "pense et bouge comme une start up", a mené à bien une rapide réforme du code du travail et séduit ainsi certains entrepreneurs français qui avaient tourné le dos à leur pays.

Dans un billet intitulé "Au revoir Londres et merci pour tous les fish and chips", le Français Jean Meyer explique s'être décidé à rentrer au bercail avec son appli de rencontres Once, face à la perspective du Brexit et au vu des réformes engagées ces derniers mois en France.

"J'ai perdu la trace du nombre de développeurs, responsables marketing ou experts en data qui ont refusé de nous rejoindre après le vote sur le Brexit", indique-t-il.

Mais le regain d'attractivité de la France pour les entreprises technologiques n'est pas dû à un seul effet Macron: il est la conséquences de politiques menées depuis plusieurs années.

La banque publique d'investissements Bpifrance a été créée en 2013 sous la présidence du socialiste François Hollande, jouant un rôle de premier plan dans le développement du secteur. C'est aussi François Hollande, dont M. Macron a été ministre, qui fut à l'initiative de nouveaux visas pour les créateurs d'entreprises étrangers.

- Paperasse -

Les entrepreneurs louent aussi des facteurs de long terme, comme la qualité des universités françaises.

En 2017, selon l'entreprise d'investissement technologique Atomico, la Grande-Bretagne est restée le principal bénéficiaire européen des fonds de capital-risque avec 5,4 milliards de dollars, contre 2,1 milliards de dollars pour la France. Mais cette dernière a globalement conclu un plus grand nombre de transactions.

"Le soutien aux entrepreneurs est à mon avis, beaucoup plus important que ce que nous pourrions obtenir au Royaume-Uni", estime Tom Pullen, Londonien de 41 ans qui a récemment lancé son cabinet de conseil Innovinco à Paris.

"Ici, nous sommes sûrs de rester dans le marché unique", ajoute-t-il.

Pour Zahir Bouchaala, autre Britannique de Station F, il serait toutefois exagéré de dire que la France a mué du jour au lendemain : "Elle reste un pays axé sur les employés plutôt que sur les patrons".

Même si Station F aide les entrepreneurs dans les méandres de l'administration, à Paris, ce développeur de logiciels de 35 ans a le sentiment de crouler sous la paperasse pour les dix personnes de son entreprise, Bevolta.

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