Les médias parlent beaucoup de la crise du climat, moins celle de la biodiversité
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Humeur

L'ombre du climat plane sur la biodiversité

Pourquoi la crise actuelle de la biodiversité ne touche t-elle pas le grand public alors que le dérèglement climatique réveille les consciences ? C'est à cette question qu'une brochette de scientifiques d'Angleterre, des USA et du Canada ont voulu répondre sous l'égide de Pierre Legagneux, du Centre d'Etude Biologique de Chizé (Deux-Sèvres).

L'enquête, s'étalant sur une période de 25 ans, a permis d'analyser des dizaines de milliers d'articles dans la presse scientifique, comme médicale ou grand public. Résultat sans appel : la couverture médiatique du changement climatique est huit fois supérieure à celle de la perte de la biodiversité ! En décryptant les données, les chercheurs ont constaté que, de 1991 (début de l'enquête) à 2002, on ne note pas de différente notable entre les deux thèmes.

L'effet Johannesburg

A vrai dire, ils sont très peu traités dans les médias. Mais à partir de 2003, c'est l'emballement. Le Sommet de la Terre de Johannesburg est passé par là et le monde ne peut plus regarder ailleurs alors que brûle la maison. En 2006, c'est le film « Une vérité qui dérange », d'Al Gore, qui va créer un nouveau choc dans l’opinion publique. La volonté de changer les comportements d'un côté, et la puissance des climato-sceptiques de l'autre, alimentent les débats auxquels on ne peut plus échapper. La suite est connue, elle conduit au succès du Sommet de la Terre à Paris et au récent rejet de Donald Trump.

La partie visible de l'iceberg

Si les événements successifs expliquent en partie l'attention portée au dérèglement climatique, ils ne justifient pas le détachement constaté à l'égard de la biodiversité. Les scientifiques ne proposent pas d'interprétation, ils constatent. Je me risque donc à un éclairage possible : les événements climatiques, de plus en plus fréquents (sècheresse, inondations, tempêtes, etc...), révèlent le problème. De même, des solutions (économies d'énergie, isolation, co-voiturage...) sont proposées. En matière de biodiversité, il en va tout autrement. La disparition du gypaète barbu, de l'outarde canepetière ou du vison d'Europe, ne changent rien à notre quotidien. Et quand bien même, ce serait le cas, comment réagir pour « sauver la nature » ? Poser un nichoir semble bien insuffisant …. quoi d'autre ? 

L'ombre du climat plane sur l'avenir de la biodiversité dont l'agonie mérite d'être mise en lumière.