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Environnement

Loi sur la transition énergétique : quel chemin reste-t-il à parcourir ? (1/2)

Diminution de la part des énergies fossiles et des émissions de gaz à effet de serre, augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie, réduction du parc nucléaire… Il y a plus de deux ans, la loi de transition énergétique pour la croissance verte, adoptée pendant le quinquennat de François Hollande, venait fixer les objectifs ambitieux que la France doit atteindre d’ici 2030 afin de favoriser un modèle énergétique moins polluant et plus durable.

C’était il y a deux ans et demi. Le 18 août 2015, la loi de transition énergétique pour la croissance verte venait fixer les ambitions de la France pour contribuer efficacement à la lutte contre le réchauffement climatique et adopter un modèle énergétique plus pérenne. Parmi les objectifs proposés par le texte, la réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre, ou encore la diminution de 30 % de la consommation d’énergies fossiles d’ici 2030 figuraient en position centrale, symbole d’une volonté d’inscrire le pays à l’avant garde de l’action en faveur du climat. Mais plus de deux ans après l’adoption de cette loi, alors que l'Accord de Paris, puis le « plan climat » de Nicolas Hulot sont venus raffermir la position française sur ces sujets, les différents secteurs intéressés par la transition énergétique n’ont pas tous connu les mêmes progrès. Retour en chiffres sur quelques uns des ces grands objectifs.

Réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité : c’est compliqué

C’est l’un des axes principaux de la loi de transition énergétique, mais aussi celui, peut-être, celui qui cristallise le plus les débats : ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025, contre environ 75 % en 2015.

Le nucléaire produit encore la majeure partie de l'électricité en France.

Depuis 2014, la part du nucléaire dans la production d’électricité a reculé de 5 %, pour s’établir à 72 % en 2016 contre 77 % en 2014 mais l’avenir du secteur dans les années à venir reste flou. L’actuel ministre de la Transition énergétique et solidaire, Nicolas Hulot, s’est d’ailleurs heurté à la question il y a quelques mois en annonçant la possible fermeture de 17 réacteurs nucléaires afin de respecter l’objectif fixé par la loi de 2015. Un chiffre en accord avec les estimations d’un rapport annuel de la Cour des comptes qui, en 2016, estimait qu’il faudrait fermer entre 18 et 21 réacteurs, soit près de 30 % des 56 réacteurs en activité, pour y parvenir.

Pourtant, peu de temps après ces déclarations, Nicolas Hulot avait tenu à tempérer ses propos, estimant que cette mesure serait difficile à tenir. Une modération qui illustre la position ambiguë de la France vis-à-vis de son parc nucléaire, due en partie à sa grande dépendance à l’atome. A l’heure actuelle, seule la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), plus vieille en activité du pays, est concernée par une fermeture, prévue en 2019, au moment de la mise en service du réacteur nucléaire de Flamanville (Manche). Et le débat n'est pas prêt de s'arrêter. Dernier rebondissement en date : Nicolas Hulot a estimé, mardi 7 novembre, qu'une réduction trop rapide du parc nucléaire déboucherait sur un recours accru aux énergies fossiles et au notamment aux centrales à charbon, "au détriment des objectifs climatiques" de la France. Résultat, le gouvernement envisage de reporter l'échéance à 2030, voire 2035, s'alignant sur les scénarios proposés par la RTE dans son dernier bilan prévisionnel.

Part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie : insuffisant

Sur la question des énergies renouvelables, la France a aussi du retard à combler. Alors que  la loi de transition énergétique a entériné l’objectif fixé par une directive européenne de 2009 de porter à 23 % la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en 2020 et à 32 % en 2030, celle-ci ne s’élevait en 2015 qu’à 14,9 %. La France fait d’ailleurs partie des mauvais élèves de l’Union européenne, qui présente une moyenne de 16,7 %.

Trop peu, comparé à la feuille de route initialement fixée par le plan national d’action (PNA), qui prévoyait une part de 17 % en 2015 afin d’atteindre l’objectif de 2020. Dans son rapport sur les énergies renouvelables publié en 2016, le Commissariat au Développement durable estimait déjà que la croissance des énergies renouvelables était insuffisante pour atteindre une part de 23 % dans les prochaines années.

En cause, le développement trop lent de certaines filières -telles que l’éolien terrestre dont la capacité totale installée (11 000 MW) se situe bien en deçà des 19 000 MW espérés pour 2020- ou encore la baisse de la production hydro-électrique depuis 2005. Dans la production d’électricité, la part des énergies renouvelables ne représentait encore que 19,1 % en 2016, contre 72 % pour le nucléaire et 8,6 % pour le thermique à combustible fossile.

En juillet dernier, Nicolas Hulot a néanmoins réaffirmé la volonté d’atteindre une part de 32 % en 2030 grâce à une série de mesures, telles que la simplification du cadre du développement des énergies renouvelables ou le lancement d’appels d’offres pour des projets répartis sur l’ensemble du territoire.  

La France s’est aussi dotée, en octobre 2016, d’un outil de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) dans le cadre de la loi de transition énergétique, qui définit une nouvelle trajectoire pour le développement des énergies renouvelables afin de répondre à l’objectif fixé pour 2030. Le texte prévoit notamment une augmentation de 50 % de la capacité installée des énergies renouvelables d’ici 2023 par rapport à 2015, portée principalement par les filières de l’éolien et du solaire. 

Puissance prévue en 2018 et 2023 (estimation basse).

Le baromètre annuel des énergies renouvelables, publié en début d’année, a néanmoins d’ores et déjà estimé que la tendance positive observée en 2016 ne suffirait pas à atteindre l’objectif de la PPE pour 2023.

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