Des moutons dans un champ d'éoliennes
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Humeur

La lutte pour le climat au détriment de la biodiversité?

Chaque semaine, Allain Bougrain-Dubourg nous livre un avis sans concession, avec toujours la même bienveillance pour nos amis les animaux.

Mardi prochain, la France vérifiera si sa proposition d'initier un sommet mondial du climat était judicieuse. Au delà des discours de circonstance, il conviendra de répondre à cette question obsédante : qui paie et combien ? En attendant que les financeurs se fassent connaître, on peut constater que l'association Orée (« Entreprises, Territoires et Environnement ») ne démérite pas. Agrégeant des entreprises, des collectivités locales et autres organisations professionnelles, elle aurait pu porter une bonne conscience environnementale lavant les acteurs (ils sont 180) de tous soupçons. Or, depuis plus de 20 ans, Orée tente de sensibiliser le plus grand nombre aux questions environnementales sans dissimuler les difficultés, voire les manquements.

Le dossier « Climat et biodiversité » récemment publié, illustre cet engagement. Il souligne notamment combien il est difficile de conjuguer climat et biodiversité.

La loi d'août 2015 sur la transition énergétique n'a pas vraiment épousé celle d'août 2016 sur la biodiversité et pourtant elles sont étroitement liées. C’est ce qui apparaît notamment lorsqu'Orée revisite les différentes énergies renouvelables. Ainsi, l’hydroélectricité (60 %  de la production de renouvelable) génère des perturbations par les lacs de retenues ou l'accumulation de limons en amont. L'éolien qui, en 10 ans, a été multiplié par 18, génère une emprise au sol non négligeable et des impacts sur les oiseaux et les chauves-souris. Sur la centaine d'espèces retrouvées au pied des éoliennes, 75 % sont protégées... Le photovoltaïque n'est pas exempt de critiques. Il entraîne un « ombrage » de l'habitat, tandis que les clôtures qui l'entourent perturbent les déplacements de la faune. Les énergies marines, celles de récupération ou encore la biomasse – bois, énergie connaissent également des inconvénients qu'Orée ne veut pas passer sous silence.

Un tel travail de transparence vise évidemment à apporter un éclairage lucide afin d'engager une production d'énergies renouvelables n'affectant pas (ou peu!) la biodiversité. Les entreprises et les collectivités regrettent souvent de manquer d'outils et d'aides aux décisions pour avancer dans la transition environnementale. Le document publié par Orée constitue une première réponse non négligeable.