Samedi dernier, nos consciences se sont tournées vers la fin de la première guerre mondiale. Un légitime hommage a été rendu aux quelques 18,6 millions de morts, mutilés et autres invalides qui ont connu les horreurs du conflit mondial. Mais, sur le sort des animaux, héros oubliés de la grande guerre, pas un mot. L'indifférence !
Les animaux, complices dans le conflit
Ils furent pourtant omniprésents dans les campagnes comme sur le front, et participèrent bon gré mal gré, à la marche vers la victoire. Près de 10 millions de chevaux périrent durant le conflit. 100 000 chiens furent mobilisés, certains venant du Canada ou d'Australie. Des centaines de milliers de pigeons affrontèrent les gaz et la mitraille, des bovins s'épuisèrent à l'attelage, sans parler des animaux mascottes qui confortèrent le moral des troupes..
Est-il normal d'être indigné par l'ingratitude de l'oubli ? Sans aucun doute ! Du reste, Maurice Genevoix, dans son célèbre « Ceux de 14 », ne se prive pas de souligner la complicité qui unissait hommes et bêtes. Lamartine, Victor Hugo et tant d'autres belles plumes n'auraient pas manqué de rendre hommage à ces délaissés.
L'histoire amnésique
Alors pourquoi une telle amnésie ? Les historiens, comme Jean Michel Derex ou Eric Baratay, qui se sont penchés sur les animaux enrôlés, rappellent qu'au lendemain du conflit, il restèrent très présents dans les souvenirs. L'oubli s'est dessiné durant les années 30, alors que 14-18 apparaissait comme la première guerre industrielle. Les taxis de la Marne ont effacé la cavalerie, tandis que le peuple des bêtes s'estompait de notre histoire. Lui rendre hommage n’ôterait rien à la mémoire des combattants et grandirait notre sens de la compassion.
Enseigner le respect des animaux à l’école : un voeu pieux ?
