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Dossier

Pourquoi manger bio en 2017

« Manger bio, c’est bien »… Au-delà du refrain, quelques vrais bienfaits d’un choix a priori durable.

Une étude publiée par la revue Environmental Health le 27 octobre dernier compare les effets sur la santé de l’alimentation bio par rapport à l’alimentation conventionnelle, à l’heure où les recherches sur le sujet se font rares. Basée sur près de 300 travaux, elle recense de potentiels effets bénéfiques liées à ce régime alimentaire, même si ceux-ci demeurent des hypothèses : moins de surpoids et de risques de maladies allergiques par exemple, lorsque l'on est moins exposé aux pesticides. A nuancer toutefois car les consommateurs de bio n’ont pas toujours les mêmes habitudes alimentaires que ceux qui en consomment moins.

A noter également que dans le cadre d’une étude NutriNet-Santé, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a établi le profil des consommateurs réguliers de produits bio. Leurs apports caloriques moyens journaliers seraient identiques à ceux des non-consommateurs de bio mais leurs apports, plus élevés de 10 à 20% pour les vitamines et minéraux, de plus de 20 % pour les acides gras oméga-3 et de plus de 27% pour les fibres. Ils auraient une moindre probabilité d’être en surpoids ou obèses et auraient globalement « un profil plus en accord avec le concept d’alimentation durable et plus bénéfique pour la santé »*.

Parallèlement à ces recherches, Générations Futures révélait en septembre dernier la présence de résidus d’un herbicide dont l’utilisation est contestée, « cancérogène probable » selon l’OMS, le glyphosate, dans sept paquets de céréales non bio sur huit trouvés en supermarché. De là à estimer qu’une alimentation bio nous préserve sur le plan de la santé, il n’y a qu’un pas… à franchir sous certaines réserves.

Le Guide alimentaire pour tous « La santé vient en mangeant » du Programme National Nutrition Santé Manger Bouger rappelle en effet que les aliments bio n’ont pas une valeur nutritionnelle supérieure à celle des produits conventionnels et que le fait de manger bio ne garantit pas en lui-même l’équilibre alimentaire.

Au-delà de la santé, l'environnement

  • Biodiversité et durabilité

Un rapport de l’Institut Technologique de l’Agriculture Biologique (ITAB) et de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) de novembre 2016** rappelle que les pratiques d’agriculture biologique ont généralement recours à des rotations « plus longues et plus diversifiées », avec « davantage de prairies » et l’absence de pesticides chimiques, des éléments qui ont des « effets positifs directs sur la biodiversité ».

De manière plus globale, l’Agence BIO précise que la non-utilisation d’engrais de synthèse et le recyclage de la matière organique contribuent à « réduire les émissions de gaz à effet de serre » et donc à une gestion « plus durable de la terre ».

  • Respect du bien-être animal

Pas d’élevage hors sol, des animaux qui ont accès aux parcours extérieurs et des ruminants qui pâturent lorsque les conditions sont réunies, un espace aéré avec de la lumière et une surface minimum pour chaque animal, telles sont les conditions d’une agriculture biologique, rappelle l’Agence BIO, qui précise également que le gavage est interdit dans le cadre de cette agriculture.

La question de l'emploi et du développement territorial

Une analyse du Commissariat général au développement durable de septembre 2017 fait état des « besoins de reconnexion des citoyens à leur alimentation ». Des citoyens qui ont de « fortes attentes sur la qualité et la provenance de leur alimentation ». Près de 70 % d’entre eux estiment qu’un produit bio doit venir de la région, indique d’ailleurs l’ITAB dans son rapport.

Des attentes auxquels ce secteur semble voué à répondre puisque toujours selon l’ITAB, l’agriculture bio joue un rôle « fédérateur » dans des projets de développement local et la proportion de circuits courts en agriculture bio est plus importante que dans l’agriculture conventionnelle.

Toutefois, si l’Institut pointe un nombre d’agriculteurs bio en plein développement, avec des conversions et des installations de plus en plus nombreuses contrairement au secteur de l’agriculture conventionnelle, il précise qu’il est difficile de prendre en compte globalement la question des emplois. Selon le rapport, une conversion massive vers des systèmes bio peut « générer des pertes d’emplois dans les industries de fabrication d’engrais minéraux et des pesticides de synthèse ». Concernant l’aval, même topo.

*Un suivi de la cohorte de cette étude se poursuit depuis 2013 pour connaître les effets à long terme sur l’état nutritionnel, notamment.

**Intitulé : « Quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l’agriculture biologique ? »