La coloration végétale est de plus en plus répandue
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Coloration des cheveux: le boom annoncé du végétal

D’un côté, des colorants capillaires chimiques qui présentent un danger pour la santé et l’environnement. De l’autre, des teintures 100% végétales qui agissent comme des soins pour les cheveux. De plus en plus de consommateurs choisissent la seconde option. Et l’offre s’élargit de façon considérable cette année.

Aroma-Zone, la marque spécialiste de la cosmétique do-it-yourself lançait la semaine dernière une gamme de coloration végétale pour cheveux (en vente à partir du 2 mars dans leurs boutiques et sur leur site internet). Leur palette de huit couleurs invite à un voyage botanique, du côté de l’Inde. Dix plantes ayurvédiques ont été patiemment sélectionnées et assemblées pendant deux ans de recherche. L’indigo pour le bleu, le henné du Rajasthan pour le rouge orangé, le curcuma pour le jaune sont les trois couleurs primaires à partir desquelles toute la palette est composée. S’y ajoutent quelques autres plantes pour les nuances (de la camomille pour du blond doré, de la garance indienne pour du cuivré…) et d’autres pour fixer la couleur (amla, sidr…).Toutes viennent d’un partenaire indien, certifié bio, dont les ateliers où les plantes sont séchées et broyées fonctionnent à l’énergie solaire et dont les exigences sociales sont élevées. En quelques années, la coloration végétale a gagné en efficacité et conquis de nombreux consommateurs. Et ça n’est qu’un début. De nouveaux acteurs de poids se lancent cette année sur le marché.

De plus en plus d’offre

Dans le monde, le secteur des produits capillaires naturels pèse 4,3 milliards d’euros et croit de 10% par an. De jolis chiffres capables d’attirer le poids lourd de la cosmétique, L’Oréal. Le groupe lancera en mai 2018 Botanéa, une gamme de coloration 100% végétale, dans les salons de coiffure. Elle se compose de trois plantes de base (henné, cassia et indigo) que les coiffeurs vont marier entre elles pour varier les nuances. Le magazine LSA affirme qu’une version grand public sortira aussi sous la marque Garnier. Du 100% végétal dans la grande distribution, c’est un événement. L’offre était jusque-là cantonnée aux magasins spécialisés, avec des historiques comme la marque allemande Logona et la française Terre de Couleurs. Des acteurs plus récents, comme Biocoiff’ (avec ses cinq salons parisiens et une gamme distribuée dans les magasins bio) ou Centifolia ont fait de belles percées. Beaucoup d’autres marques surfent depuis longtemps sur la vague du végétal (y compris dans les magasins bio), sans pour autant atteindre le 100%.

Pourquoi tant d’attrait pour le végétal ? Tout simplement parce que la coloration conventionnelle fait des dégâts et que l’information circule de plus en plus. On les accuse fréquemment de provoquer le cancer. Pour le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), il existe un risque pour les professionnels de la coloration mais pas pour les personnes qui en ont un usage personnel. Une étude britannique publiée en 2017 conclut que les colorations chimiques augmentent le risque de développer un cancer du sein. Les cas d’allergies se multiplient par ailleurs dans la profession. L’ennemi numéro un, dans la composition de produits, étant le paraphénylènediamine (PPD), proscrit dans les produits cosmétiques mais pas dans les colorations capillaires.

Des colorations comme des soins

Il arrive que certaines personnes soient allergiques aux plantes utilisées dans les colorations végétales. Mais il n’y a rien de comparable aux conséquences des colorations chimiques. Par ailleurs, ces dernières attaquent la structure capillaire. Il faut commencer par ouvrir les écailles pour décolorer les cheveux (c’est la peroxydation) et le repigmenter ensuite. La technique est certes efficace mais rend les cheveux cassants et secs au passage. Les colorations végétales agissent à l’inverse : elles enrobent les cheveux et jouent le rôle d’un soin. Certes, elles réclament plus de temps de pause. Elles ne permettent pas d’éclaircir une teinte (impossible de se teindre en blond(e) quand on est brun(e) avec du végétal), ni de créer des mèches. Mais les adeptes préfèrent illuminer leur crinière avec des reflets ocre ou châtaigne.