Autolib' subit une baisse du nombre de ses abonnés à Paris (étude)

Le service d'autopartage dans l'agglomération parisienne Autolib' a subi une baisse de plus de 5% de ses abonnés depuis fin 2016, laissant craindre une aggravation des pertes à la charge des contribuables franciliens, selon des données compilées par un cabinet d'études.

Autolib' approchait en novembre 2016 le nombre de 110.000 abonnés actifs à l'année (qui représentent 95% des trajets effectués), un chiffre jusqu'alors en progression quasiment constante.

Mais leur nombre à reculé depuis pour atteindre 103.500 en septembre, s'inquiète le bureau de recherches 6-t, spécialiste de la mobilité urbaine, dans un baromètre publié lundi par le quotidien Le Parisien.

Le groupe Bolloré gère Autolib' jusqu'en 2023, dans le cadre d'une délégation de service public. Il a conçu les véhicules électriques Bluecar, vitrines de sa technologie de batteries, utilisés pour ce service pionnier de l'autopartage lancé en 2011. Il s'est engagé à couvrir les pertes cumulées, jusqu'à 60 millions d'euros, à l'échéance du contrat.

Bolloré avait cependant prévenu en début d'année que la prévision de pertes cumulées atteignait désormais 179 millions d'euros. Mais selon le syndicat mixte, qui compte une centaine de communes adhérentes, dont Paris, les pertes pourraient atteindre jusqu'à 250 millions d'ici à 2023.

Ces chiffres ont déjà suscité la grogne d'élus parisiens.

"Il resterait donc 190 millions à la charge du contribuable", s'inquiète Nicolas Louvet, directeur de 6-t, auprès de l'AFP. "Le syndicat mixte a demandé un audit des comptes. Mais on n'a toujours pas les résultats", souligne-t-il.

"Aujourd'hui, on est dans un schéma à la fois de baisse du nombre d'usagers et de baisse du nombre de locations, et on ne voit pas trop comment ça peut remonter", explique-t-il.

Il estime qu'Autolib' est pour une part victime de son succès, les 4.000 véhicules électriques mis à disposition sur la voie publique étant pris d'assaut sur certaines stations, suscitant la déception d'abonnés ne trouvant pas toujours d'automobile disponible quand ils en ont besoin.

Mais, selon lui, les voitures en libre-service sont aussi trop souvent "dans un état assez pitoyable, car elles sont mal entretenues par les usagers" et les clients "sont déçus par des véhicules de plus en plus sales".

Ces automobiles sont aussi de plus en plus régulièrement squattées par des personnes sans domicile et de nombreux utilisateurs expriment leur grogne sur les réseaux sociaux en publiant des photos de Bluecar inutilisables.

M. Louvet souligne aussi la concurrence croissante d'autres services de mobilité, notamment les VTC (voitures de transport avec chauffeur), certes deux fois plus chers au kilomètre parcouru mais aussi plus confortables.

"Autolib', c'est comme le Concorde, c'est une réussite politique, technologique, mais a priori un échec économique", affirme-t-il.

Contacté par l'AFP, le groupe Bolloré n'était pas en mesure de réagir lundi.

Selon des sources proches du dossier, il réclame cependant la fermeture de 20% des 1.100 stations Autolib' jugées non rentables afin de réduire les pertes, alors que le syndicat mixte souhaiterait plutôt des mesures de relance de l'activité.

Malgré les pertes, Autolib' reste un succès en termes de fréquentation, avec une voiture louée toutes les 5 secondes et une satisfaction clients de 92%, selon le groupe Bolloré.

"Je ne crois pas qu'il y ait dans le monde des services qui aient autant de locations par jour", reconnaît d'ailleurs Nicolas Louvet.

aro/tq/tes

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